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T.V. P. 233

Autre Ancien Benedictin de

33.

LAbbaïe de Cluse

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GATION DE

que ce faint Abbé eut vêcu plus long-tems; mais Dieu qui CONGREvouloit récompenser ses travaux & ses souffrances, l'appella CON à lui le premier jour de Juin, veille de la Pentecôte de l'année 1091. Malgré toutes ses maladies, qui furent très longues & très cruelles, il ne voulut jamais rien diminuer de les austerités, se faisant même porter la nuit à Matines par trois Freres, & ne voulant jamais confentir à manger de la viande, dont il avoit besoin, à cause d'une plaïe très considerable, dont il souffroit beaucoup depuis long-tems, ne répondant jamais autre chose à ceux qui l'en follicitoient, sinon qu'il n'avoit garde de manger de la viande, étant si proche de la mort, que son corps ne meritoit aucun foulagement ni aucun remede. En effet, il en faisoit tant de mépris, auffi-bien que de la vie, que voïant approcher le moment de sa mort, qu'il avoit prédite, & qu'il souhaitoit avec autant d'ardeur que les gens du monde la fuïent & la craignent; il commença à chanter d'une maniere tout-à-fait mélodieuse, cette Antienne de l'Office de saint André, Domine Jesu, Magister bone, suscipe Spiritum meum in pace ; & après l'avoir repeté trois fois, il rendit l'esprit à fon Createur, regreté de tous les Religieux de fon Abbaïe, dont il avoit retabli l'honneur, par la pieté & le zele avec lequel il y avoit remis la Regularité & l'Obfervance, aufli-bien que par la sainteté de sa vie.

Cette Abbaïe devint dans la suite fort celebre & puifsante par les liberalités de plusieurs Empereurs, Rois & Princes qui lui donnerent de grands Privileges & augmen-> terent beaucoup fes revenus: les Evêques de Turin ne con-> tribuerent aussi pas peu à fon agrandissement en lui soûmettantplusieurs autres Abbaïes & plufieurs Eglifes: en forte que selon la Bulle de Confirmation que lui donna Innocent III. en 1216. il y avoit plus de 140. Eglifes quien dépendoient, entre lesquelles il y avoit les Abbaïes de Pignerol, de Cavours, de Caramanie, de saint Christophe, dans le Diocése d'Ast en Piémont, & en France, l'Abbaïe de saint André lès Avignon, saint Jean de Narbonne, saint Hilaire de Carcassonne, & faint Pierre de la Cour, autrement dit Mafgrenier à Toulouse.

Plusieurs Souverains Pontifes accorderent de très grands Privileges à ce Monastere & aux Abbés qui le gouvernoient

Tome V.

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CONGRE avec titre de Chef & General de l'Ordre de saint Benoît CATION DE aïant tous droit de provision, nomination, approbation, vi

fite, correction de mœurs & autres privileges & prérogatives dont joüiffent les Generaux & Chefs d'Ordre; droits & privileges qu'ils ont toûjours confervés sur tous les Benefices dela dépendance de cette Abbaïe, à l'exception de la nomination de ceux ausquels le Roi de France a droit de nommer, par le Concordat fait entre le faint Siége, & Sa Majefté très Chrétienne : ce qui n'empêche pas que ces Abbaïes ne reconnoiffent l'Abbé de Cluse, comme leur Chef & General, & qu'elles ne lui foient foûmises en cette qualité.

Les principaux privileges de cette fameuse Abbaïe, pour le fpirituel, consistent dans la jurisdiction dont joüit son Abbé, fur tous les Benefices qui en dependent sur lesquels il a toute l'autorité attribuée aux Evêques & autres Ordinaires restant foumis immediatement au faint Siege & exemts de la jurifdiction de l'Evêquede Turin & de tout autre Prélat. L'Abbé peut se faire confacrer par quelque Evêque que ce foit avec l'agrément du Pape. Les Moines des Monafteres dela Congrégation ne peuvent être excommuniés ni interdits par aucun Evêque: ils ont droit de se faire ordonner, & de faire administrer le saint Chrême, consacrer les A utels, dédier les Eglises dans leurs Monafteres & dans le bourg de faint Ambroise par quelque Evêque que ce soit, pourvû qu'il foit Catholique. Les Evêques ne peuvent juger les causes du Monastere, s'ils ne font deputés du Pape: ils ont droit de pour voir aux Cures de leur dépendance, & les Evêques ausquels ils présentent ceux qu'ils ont choisis pour Curés, font obligés de les approuver, s'ils les trouvent suffi samment capables. Cette Abbaïe est exemte par ces mêmes privileges, de païer aucune dîme.

1.

Les droits temporels de l'Abbé de Cluse ne cedent en rien aux fpirituels; car it poffede le bourg & château de faint Ambroife avec plusieurs Terres qui dependent de la même Châtellenie;comme sont la Cluse, Vayes, saint Antonin, Celles, Chavres, Novarel, la Terre & le Château de Javen, & quelques Terres qui dépendent de sa Jurifdiction & de fon Fief, comme est Valioya, une partie de la Coasse, qui est de fon arriere Fief, & quelques autres Terres qui font dans le voifinage. Il est vrai que les guerres & les troubles dont

Benedictin de L'Abbaïe de

Cluse hors du

monastere

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