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CLUNI.

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REFORME Voute, & tous les Religieux de la Communauté de l'Abbaïe DE L'OR de Cluni, par un acte Capitulaire du 13. Février 1623. Il convoqua même un Chapitre General l'an 1626. pour les y faire recevoir: & enfin le 17. Avril de l'année 1629. ce pieux Réformateur renouvela fa profeffion & s'obligea par un ferment folemnel à la pratique exacte de la Regle de faint Benoît, & à l'Obfervance des Reglemens qu'il avoit faits & onze Religieux firent la même chofe entre fes mains. Ce ferment qui eft encore en pratique parmi les Religieux de cette Réforme après qu'ils ont fait leur profeffion, porte qu'ils régleront à l'avenir leurs mœurs & leur conduite fuivant la Regle; telle qu'elle eft préfentement observée par les Peres de l'étroite Obfervance dans l'Abbaïe & Ordre de Clunis qu'ils ne folliciteront directement ni indirectement, aucun Office, Benefice ni dignité : qu'ils n'accepteront point ceux qui leur pourroient être préfentés fans la permiffion de leurs Superieurs qu'ils leur laifferont l'entiere difpofition des revenus; & qu'ils ne confentiront jamais que perfonne, de quelque état & qualité qu'il foit, foit incorporé ou élevé à quelque degré de Superiorité dans l'Ordre, qu'après qu'il aura fait fon Noviciat, & fa Profeffion dans l'étroite Obfervance, qu'il n'ait fait ce ferment & qu'il n'ait promis de le garder.

Dom d'Arbouze étant déja avancé en âge & fujet à plufieurs infirmités, crut que pour autorifer cette Reforme & la faire fubfifter, il étoit néceffaire que l'Ordre de Cluni eût pour Chef une perfonne de crédit & d'autorité. Il jetta les yeux fur le Cardinal de Richelieu, Armand Jean du Pleffis Miniftre d'Etat. Il le demanda au Pape pour fon Coadjuteur & pour lui fucceder. Sa demande fut accordée, & ce Grand-Miniftre pour maintenir la Réforme naiffante, fit venir douze Religieux de la Congrégation de faint Vannes, dont le Chef étoit Dom Hubert Rollet Grand Obfervateur de la Regle & très experimenté dans le Gouvernement Monaftique. Ils furent aggrégés & incorporés dans l'Ordre de Cluni après avoir paffé des articles avec le Grand-Prieur, les Officiers & les Ŝenieurs de la Voute de Cluni, qui furent ratifiés le 11. Octobre 1630. par François d'Efcoubleaux de Sourdis Archevêque de Bourdeaux, Grand- Vicaire du Cardinal de Richelieu, confirmés par Lettres Patentes du

Roi Louis XIII. le premier Septembre 1631. & homolo- REFORME gués au Grand-Confeil le 31. Mars 1633.

les an

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Le Cardinal de Richelieu donna le Grand Prieuré à Dom CLUNI. Hubert Rollet avec des Lettres de Vicariat pour gouverner l'étroite Obfervance, tant au fpirituel qu'au temporel. 11 fit défense aux anciens d'exercer aucune jurifdiction fur ceux qui embrafferoient la Réforme, de donner l'habit, ni de recevoir à la profeffion aucun Religieux que dans les Monafteres de l'étroite Obfervance, & ordonna que ciens Statuts de Cluni feroient obfervés par ceux qui feroient à l'avenir profession de cette Réforme. Elle fut d'abord introduite dans l'Abbaïe de Cluni, où elle avoit pris fon origine. Elle paffa enfuite dans d'autres Monafteres, qui aïant formé comme une Congregation, celebrerent leur premier Chapitre General dans le Prieuré de la Charité-fur-Loire l'an 1633.

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Le zele du Cardinal de Richelieu pour la Réforme alla plus loin: car comme les Religieux Benedictins de la Congregation de faint Maur avoient auffi tiré le commencement de leur Réforme de la Congregation de faint Vannes, la conformité des Statuts de ces Congregations, donna occafion à ce Cardinal d'unir la Réforme de Cluni avec la Congregation de faint Maur, & de n'en faire qu'une feule Congregation, fous le titre de Congregation de faint Benoît autrefois de Cluni & de faint Maur. Il fit un Concordat le 29. Decembre 1634. avec Dom Pierre Lucas, Prieur Clauftral de l'Abbaïe de Cluni, & Vifiteur de l'étroite Obfervance du même Ordre, aïant charge & pouvoir des Peres de cette Congregation, & Dom Gregoire Tariffe, Superieur General de la Congregation de faint Maur, affifté des Peres Prieurs de faint Denis en France, de S. Germain des Prez, & des Blancs-Manteaux à Paris, ftipulans pour les Religieux de cette Congregation, par lequel Concordat l'AbBaïe de Cluni, Chef d'Ordre, & de la Congregation de Cluni, avec tous les Prieurés & toutes les autres dépendances, fut unie à la Congregation de faint Maur: en forte que les deux ne devoient faire à l'avenir qu'un Corps & une Congregation appellée de faint Benoît en France, anciennement de Cluni & de faint Maur, en laquelle on garderoit la Regle de faint Benoît, les Declarations faites fur cette Re

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REFORME gle, le Regime & les Statuts, ainfi qu'il fut accordé entre DE L'OR- Les Religieux de ces deux Congregations. Après la mort du CLINI. Cardinal de Richelieu, l'Abbé devoit être Regulier, pris du Corps de la Congregation de S. Benoît & élu par les Chapitres Generaux. Les Abbés, Prieurs, Doïens, & autres pourvûs de quelques Offices ou Benefices , ne pouvoient avoir aucune autorité ni jurifdiction fpirituelle pour le Regime & Gouvernement des Monafteres & des Religieux de la Congregation, fi elle ne leur étoit expreffément commife par les Chapitres, les Dietes, ou les Superieurs, felon les Constitutions de la Congregation; & ceux qui n'étoient pas de la Congregation, ne devoient joüir que des droits & des prérogatives qui appartenoient à leur Menfe & Dignité, fans pouvoir rien prétendre fur les Religieux de la Congregation, ni fur la Regularité des Monafteres où la Réforme Teroit introduite. Le Cardinal de Richelieu demeuroit fa vie durant dans le droit de conferer les Benefices, dont la disposition lui appartenoit, & devoit jouir de tous les revenus, & autres droits temporels qui étoient de fa Mense Abbatiale. Les Officiers Clauftraux dans les Monafteres Réformés demeuroient éteints & fupprimés pour l'avenir lorfqu'ils vacqueroient. Les Offices des quatre faints Abbés de Cluni, fçavoir faint Odon, faint Mayeul, faint Odillon, & faint Hugues, devoient être celebrés dans tous les Monafteres de cette Congregation; mais pour les autres Saints de Cluni,on n'en devoit faire l'Office que dans l'Abbaïe & fes dépendances. Les Monasteres de Filles foûmis à l'Abbaïe de Cluni, devoient être réunis ensemble, en forme de Congregation : en forte que les Religieux de la Congregation de Taint Benoît n'en devoient être chargés que pour leur donner un Vifiteur Triennal, qui devoit être élu dans les Chapitres Generaux, fans que ce Vifiteur pût être continué plus de trois ans. La Congregation de faint Benoît devoit joüir des Privileges, Exemptions, Immunités, & Prérogatives que le Pape Urbain VIII. & fes prédeceffeurs avoient accordés tant à la Congregation de faint Maur qu'à l'Ordre de Cluni. Les Anciens de cet Ordre qui n'embrafferoient pas la Réforme, devoient demeurer dans leur ancien habit, fans pouvoir être contraints à une plus rigoureufe Obfervance que celle dont ils avoient fait profeffion, & ne de

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voient avoir aucune part dans les Affemblées, le Confeil, & REFORME les Refolutions des Peres de la Congregation, s'ils n'avoient DE L'ORfait profeffion dans la Réforme, à laquelle ils pouvoient être CLUNI reçus, s'ils en étoient trouvés capables. Les Superieurs de cette Congregation devoient donner avis au Cardinal de Richelieu des unions & aggregations des Monafteres qui avoient été faites à cette Congregation ; & ce Cardinal remit dès-lors aux Chapitres & aux Superieurs toute la Jurifdiction fpirituelle qui lui appartenoit fur l'Abbaïe de Cluni : mais comme fon autorité fut jugée neceffaire pour appuïer & pour maintenir cette Congregation dans fa naiffance, il devoit, fa vie durant, donner Commiffion & Vicariat à un Religieux de cette même Congregation qui lui devoit être prefenté & élu par le Chapitre General de trois en trois ans, pour faire la vifite en fon nom de tous les Monafteres, des Prieurés, & des Membres & dépendances de l'Ordre de Cluni.

Ce Concordat fut homologué au Grand-Confeil par un Arrêt du 9. Février 1636. å la charge que les Religieux de la Congregation de faint Benoît rapporteroient dans six mois des Bulles du Pape. Ils tinrent leur premier Chapitre General le 4. Octobre de la même année dans l'Abbaïe de Cluni, où la Congregation fut divifée en fix Provinces ; fçavoir de France, de Normandie, de Bourgogne, de Toulouse, de Bretagne & de Chezal-Benoît ; & le premier Chapitre General qui fe devoit tenir fut indiqué pour l'an 1639. dans l'Abbaïe de la Trinité de Vendôme.

Le Cardinal de Richelieu étant mort l'an 1642. les Religieux de la Congregation de faint Benoît élurent pour Abbé de Cluni Dom Germain Efpiard, Profez de la Con. gregation de faint Maur, & les non-Réformés poftulerent le Prince de Conti, Armand de Bourbon. Il y eut conteftation pour fçavoir laquelle des deux élections fubfifteroit ; & par un Arrêt du Confeil d'Etat de l'an 1644. l'élection du Prince de Conti fut declarée legitime & canonique. Ce Prince obtint des Bulles du Pape Urbain VIII. & le 22. Octobre de la même année il fit annuler le Concordat d'Union de la Congregation Réformée de Cluni avec celle de faint Maur, qui demeurerent l'une & l'autre au même état qu'elles étoient avant le Concordat, du con

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REFORME fentement des Religieux de ces deux Congregations: ce qui fut autorisé par un Arrêt du Confeil d'Etat des mêmes mois & an, & confirmé par des Lettres Patentes du Roi Louis XIV. du 14. Juin 1645.

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Le Prince de Conti fit un autre Concordat au mois de Decembre de la même année avec les Religieux Réformés de Cluni, par lequel on convint que les Chapitres Generaux de la Réforme s'affembleroient tous les ans dans l'Abbaïe de Cluni: que les Religieux de cette Obfervance y éliroient leurs Superieurs ; & que celui qui feroit élu pour préfider fur les Réformés, les gouverneroit, & les Monafteres où ils feroient établis, en ce qui concerne l'étroite Observance. Ils tinrent des Chapitres Generaux, en vertu de ce Concordat. Le premier fut celebré le 21. Mai 1646. & l'on continua dans la fuite jufques fous le Gouvernement du Cardinal Jules Mazarin, qui fucceda au Prince de Conti, le 21. Février 1654. après que ce Prince se fut démis de l'Abbaïe de Cluni.

Le Cardinal Mazarin aïant été élu Abbé, les Religieux de l'étroite Obfervance de Cluni tinrent encore deux Cha pitres Generaux fans oppofition; mais dans le troifiéme l'an 1656. ils furent inquiétés par ce Cardinal, qui voulut nommer lui-même les Superieurs des Monafteres de leur Réforme. Ils s'y oppoferent, & firent de grandes inftances auprès du Confeil du Cardinal, pour être maintenus dans leur droit ; mais leurs remontrances furent inutiles, & le Cardinal Mazarin voulut qu'ils obéïffent, fur ce que leur Réforme n'avoit pas été approuvée en Cour de Rome. Il fit emprisonner ceux qui s'oppofoient le plus à fes volontés, & obtint du Pape Alexandre VII. un Bref du 11. Juin 1657. autorifé par Lettres Patentes du Roi du 11. Août, qui furent enregistrées au Grand Confeil le 25. Septembre de la même année. Ce Bref donnoit pouvoir au Cardinal comme Abbé de Cluni, d'ôter & caffer les Statuts de la Réforme, comme n'étant point approuvés du faint Siége, & comme étant contraires aux anciens Statuts de l'Ordre, comme on l'avoit fait entendre à fa Sainteté. Mais après que le Cardinal Mazarin eut pris une particuliere connoiffance de l'état de la Réforme, il trouva que dans les Monafteres où elle étoit établie, l'Office & le culte Divin s'y

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