DES RELI NES. que quelques Religieuses reçurent la Regle de S. Benoît; & ORIGINE pour preuve de son sentiment il cite le Monastere que Flave GIEUSESBE. mere de S. Donat, Archevêque de Besançon, fonda pour des NEDICTIfilles, ausquelles ce saint Evêque prescrivit en quelque façon la Regle de saint Benoît, puisqu'en aïant dressé une tirée de celles de saint Cesaire, de saint Benoît & de faint Colomban, de foixante & dix-sept Chapitres qu'elle contient, il y en a plus de quarante tirés de celle de saint Benoît. Peu à peu l'on s'accoutuma à suivre la Regle de saint Benoît seule, soit que les Monasteres l'eussent demandée, ou que l'on les y contraignît ; car le Concile d'Allemagne tenu l'an 742. ou 743. ordonna que les Religieux & Religieufes qui demeureroient dans les Monasteres ou dans les Hôpitaux, se conduiroient felon la Regle de faint Benoît, ce qui fut aussi confirmé dans le Concile de Lestines au Diocése de Cambrai, qui se tint l'an 743. où les Abbés & les Moines qui y furent presens, reçurent cette Regle ; mais elle ne fut pas observée exactement dans tous les Monasteres tant d'hommes que de filles, ce qui fit que le relâchement s'y étant introduit en peu de tems, l'on n'y connoissoit presque plus la Regle de faint Benoît, lorsque l'Empereur Loüis le Debonnaire fit affembler le Concile d'Aix la Chapelle l'an 817. où l'on établit une discipline uniforme par des Constitutions qui expliquerent la Regle, ce qui n'a pas empêché que le relâchement ne se soit encore introduit dans les Monasteres de l'un & de l'autre sexe. Nous ferons voir dans le sixiéme Volume de cette Histoire, comme la plupart des Chanoinesses Seculieres ont secoüé le joug de la Regle de saint Benoît. Plusieurs autres Monafteres auroient peut-être fait la même chose, si Dieu n'avoit suscité dans les deux derniers siécles de saintes Filles, qui ont reformé les Monafteres dont elles avoient le gouvernement, & où elles ont fait revivre le veritable esprit de S. Benoît. Avant ces reformes la plupart des Religieuses Benedictines en France avoient déja pris l'habit de Chanoinesses, comme dans les Monasteres de Montmartre, de la Trinité de Caën, de Xaintes & de plusieurs autres où elles portoient des robes blanches, & des surplis de toile bien fine & bien empefée. Il y en avoit d'autres qui en se reformant se contenterent de prendre l'habit, le Breviaire & les Constitutions de l'Ordre de Fontevraud, comme à fainte ORIGINE Croix de Poitiers, à Faremoutier, à Joüarre & à Chelles : DES RELI- ce ne fut qu'en 1614. que Jeanne de Bourbon Abbeffe de MEDICTI. Jouarre y abolit le Breviaire de Fontevraud: la resistance GIEUSES BE NES. des Religieuses empêcha cette Princesse de leur ôter encore l'habit blanc & le rochet de Fontevraud, qu'elles quitterent enfin sous l'Abbesse Jeanne de Lorraine l'an 1626. Les Religieuses Benedictines de saint Pierre de Reims prirent aussi cet habit à la perfuafion de leur Abbesse Renée de Lorraine premiere du nom, qui avoit été Religieuse de Fontevraud, & qui ne prit poffeffion de cette Abbaïe que l'an 1546. Mais sa niéce Renée de Lorraine qui lui fucceda l'an 1602. fit reprendre l'habit noir à ces Religieuses, qu'elle obligea à la Cloture. Il y avoit aussi des Monasteres où les Religieuses se contentoient de porter l'habit blanc sans rocher, & d'autres où elles avoient des habits noirs avec des surplis de toile noire, comme il s'en trouve encore quelques-unes, telles que sont les Religieuses de Bourbourg, de Messines, & quelques autres en Flandres dont nous parlerons en particulier : mais prefentement, le veritable habillement des Religieuses Benedictines confifte en une robe noire, un scapulaire de même, & une tunique par dessous la robe, d'une étoffe qui n'est point teinte s'il se peut: au Chœur & dans les ceremonies elles ont un grand habit de ferge noire, qu'elles nomment froc ou cuculle comme les Religieux. Il y en a quelques-unes qui ont les tuniques noires aussi bien que la robe, d'autres qui portent une tunique blanche. Parmi ces Religieuses Benedictines, il y en a qui gardent exactement la Regle de saint Benoît, qui ne mangent de la viande que dans les infirmités, qui se levent la nuit pour dire Matines, & qui jeûnent très exactement depuis la Fête de l'Exaltation de la sainte Croix jufqu'à Pâques. D'autres qui prennent le nom de mitigées, mangent de la viande trois fois la Semaine, sçavoir le Dimanche, le Mardi & le Jeudi, excepté pendant l'Avent & la Septuagefime, & depuis l'Afcenfion jusqu'à la Pentecôte, suivant la modification que l'on pretend avoir été approuvée par le saint Siége, Elles ne se levent point la nuit pour dire Matines, les unes les disent à neuf heures du foir, les autres à quatre ou cinq heures du matin; & comme elles se sont aussi dispensées du jeûne depuis le quatorze Septem |