CONGRE- Reguliere. Tous les ans au Dimanche Cantate, & aux jours SCANDLE suivans, on tiendra le Chapitre General de toutela Commu GATION nauté, & des Prieurs dépendans de l'Abbaïe, dans lequel on élira quatre Diffiniteurs, qui conjointement avec le Prieur, visiteront tous les lieux de l'Abbaïe, les vases sacrés des Eglifes, les maisons, les chambres, & tous les meubles, & regarderont s'il y a quelque chose de contraire aux Conftitutions. Tous les trois ans au Chapitre General les Diffiniteurs éliront des Visiteurs pour les Monafteres dépendans de l'Abbaïe, & tous ceux qui feront nommés par l'Abbé, ou par la Communauté, suivant qu'il appartiendra, pour être Religieux dans les Prieurés sujets à l'Abbaïe, feront leur Noviciat dans l'Abbaïe avec les autres Novices. Tels font en partie ces nouveaux Statuts, qui aïant été confirmés par des Lettres Patentes du Roi Loüis XIV. & enregistrés au Parlement de Besançon par un Arrêt du 13. Juillet 1701. furent ensuite publiés au Chapitre de faint Claude, par M. d'Angeville, Grand Prieur de cette Abbaïe. Quelques Religieux, suivant l'exemple de leur Grand Prieur, s'y soûmirent; mais les autres en plus grand nombre demanderent d'être reçus opposans à l'Arrêt du Parlement du 13. Juillet, & appellans comme d'abus des Statuts qui leur avoient été donnés par M. le Cardinal d'Estrées. Le Parlement faisant droit sur leur Requête, les reçut appellans comme d'abus par un Arrêt du 28. du même mois, leur permit d'intimer qui bon leur fembleroit; & que quant à l'opposition du premier Arrêt, les parties seroient appellées, & que l'oppofition seroit portée à la grande Audience pour y être plaidée, conjointement avec l'appellation comme d'abus. Dans le même tems les Chevaliers de faint Georges, qui forment un Ordre de Chevalerie dans le Comté de Bourgogne, où l'on ne peut être reçu qu'en faisantpreuve de Noblesse de trentedeux Quartiers du côté paternel, & autant du côté maternel, se joignirent aux Religieux oppofans, & demanderent au Parlement de Besançon d'être reçus parties intervenantes dans l'affaire : ce qui leur fut accordé. Le prétexte que prirent ces Chevaliers pour s'opposer aux Statuts du Cardinal d'Estrées, & à leur enregistrement au Parlement, fur que les places de l'Abbaïe de faint Claude étant affectées à l'ancienne Noblesse, ils appréhendoient qu'en changeant les S.CLAUDE. Constitutions,les Privileges & les Ufages de cette Abbaïe, CONGRE l'affectation de ces places à la Noblesle ne fût détruite, & GATION DE qu'elle ne perdît de même les Abbaïes de Beaume, de Gigni, & les autres du Comté de Bourgogne, qui ne font pareillement affectées qu'à la Nobleffe. Le Cardinal d'Estrées obtint des Lettres d'Etat le 4. Decembre de la même année, portant surséance pour fix mois de ce procès, avec défense aux parties de faire aucune poursuite: ce qui dura jusqu'en l'an 1705. que le Roi par Arrêt du 7. Février évoqua cette affaire à fon Confeil, & nomma Commissaires MM. l'Archevêque de Reims, Michelle Tellier, d'Aguesseau, Voifin, de Harlay, l'Abbé Bignon, & Roüillé du Coudrai, Conseillers d'Etat, afin d'examiner les Memoires & les pieces concernant ce differend. Il y eut plusieurs Requêtes & Memoires presentés de part & d'autre, même par les Chevaliers de faint Georges, jusqu'à la fin de l'année 1708. que le Roi remit la décision de cette affaire après la paix generale, la France étant pour lors en guerre avec l'Empereur, l'Angleterre, la Savoye, la Hollande, & autres Princes. La Paix fut concluë à Utrecht l'an 1713. & le Cardinal d'Eftrées mourut au mois de Decembre de l'an 1714. fans que cette affaire ait été décidée. Il est à remarquer que pendant le cours de ce procès la Noblesse du Comté de Bourgogne députa vers le Roi le Comte de Moutier, pour prier Sa Majesté de faire ériger l'Abbaïe de faint Claude en Evêché. Il y eut une Requête presentée à ce sujet au Roi, où on lui exposoit que ce nouvel Evêché pourroit être formé de la partie du Comté de Bourgogne qui dépend du Diocése de Lyon, & de 200. Cures de celui de Besançon. L'on representoit à Sa Majesté que la necessité de feculariser l'Abbaïe de faint Claude étoit d'autant plus grande, que l'on n'y pouvoit plus établir une parfaite Regularité: que les lieux Reguliers sont prefque tous ruinés; que la vie commune n'y subsiste plus depuis environ quatre cens ans: que chaque Religieux a sa maifon & fon pecule autorisé par le faint Siége & par Sa Majefté même qui y avoit ordonné des distributions journalieres : qu'il n'y a pour l'usage de l'Abbaïe & de la ville, qu'une seule fontaine au milieu de la cour de l'Abbaïe où on vient abreuver les bestiaux & laver le linge, & qu'en cas de feu il CLUNI. & ORDRE DE n'y a point d'autres secours, ce qui sera toûjours un empêchement à la clôture reguliere, aussi-bien que trois grands chemins qui vont à Geneve, en Suisse & en Savoye, qui traversent le milieu de l'Abbaïe. Enfin que l'Abbaïe de saint Claude étant affectée à la Noblesse, un genre de vie trop austere ne pourra jamais convenir à des Gentilshommes, que la Noblesse du Comtés'y opposera toûjours. Tous les Prieurés dépendans de cette celebre Abbaïe ne sont pas à la nomination de l'Abbé, ceux d'Arbois & d'Esbouchoux sont à la nomination du Roi, & celui de saint Lupicin est à la collation du Pape, en vertu des Regles de Chancellerie, & des referves Apoftoliques, reçuës & suivies dans le Comté de Bourgogne. Le Prieuré de Neuville-les-Dames, dans la Bresse, est aussi de toute ancienneté de la dépendance de l'Abbaïe de faint Claude, & depuis quelques années les Dames de l'Abbaïe de Château-Châlon ont aussi été foûmifes à saint Claude. II. Joan. Mabillon, Annal. Benedict. Tom. I. II. & III. & Memoires communiqués par les Religieux de Saint Claude. CHAPITRE XVIII. De l'origine & progrès de l'Ordre de Cluni, premiere I Religieux Cluniarentu E Pere Mabillon s'étonne avec raison de ce que les Bienheureux Bernon, premier Abbé de Cluni, & de ce qu'ils ne l'ont pas mis au nombre de leurs premiers FondaAnnal. Be. teurs, comme faint Odon, saint Mayeul, saint Odillon, & nedict.Tom. faint Hugues, qu'ils se glorifient d'avoir eu pour Chefs & pour Maîtres. Si l'on a égard à l'avancement & au progrès >> de cet Ordre (dit ce sçavant Benedictin) c'est avec justice " que l'on en doit donner la gloire à saint Odon, que Pierre le » Venerable dit avoir été le premier Pere de l'Ordre de Cluni: " mais si on a égard à l'origine & au commencement de cet " Ordre, il faut avoüer aussi qu'on ne peut refuser au Bien* heureux Bernon la gloire d'en avoir été le Fondateur. Odon a perfectionné & augmenté l'Ordre de Cluni, Bernon l'a * heureusement commencé & l'a gouverné pendant plusieurs années. |