representa à Chilperic Roi de Bourgogne, que ses Religieux Congriamanquoient quelquefois des choses necessaires. Ce Princesa tuon DE lui offrit des terres & des vignes ; mais il le remercia , ne voulant pas les accepter , de crainte que les richesses n’inspirassent de la vanité à ses Disciples : ce qui fit que le Roi ordonna qu'on lui donnât tous les ans trois cens mesares de bled, & autant de vin pour la nourriture de ses Religieux , & cent pieces, d'or pour leur acheter des habits. A inli comme la vie étoit moins austere au Monastere de Lauconne qu'à celui de Condat , le nombre des Religieux y étoit aussi plus grand ; ils étoient cent cinquante lorsque saint Lupicin mourut, vers l'an 480. El fur enterré dans ce Monastere , qui a porté depuis son nom , comme celui de Beaume a pris celui de saint Romain, à cause qu'il y avoit eu aussi sa sepulture. Saint Injurieux,onziéme Abbé de Condat, fit lever de terre l’an 648. les corps de ces deux Saints, pour les mettre dans l'Eglise de son Abbaïe. Il crut au moins y avoir faic porter celui de saint Lupicin,mais on a reconnu depuis qu'il s'étoit trompé : car sur la fin du dernier siécle, comme on ôta le maître Aurel de l'Eglise de Lauconne pour aggrandir le cheur, en foüillant dans les fondemens, on y trouva des offemens & la tête d'un corps , qui par l'inscription qui y étoit , fut reconnu pour être celui de saint Lupicin, apres. que l'on eûr consulté sur cela l'Archevêque de Besançon, lePere Mabillon, & d'autres personnes sçavantes. Aprés la mort de saint Lupicin, Minaufe lui succeda dans le gouvernement de Condat, & l'on mit un autre Abbé à Lauconne : mais comme Minause étoit infirme , il demanda pour Coadjuteur faint Oyan , qui donna toute une autre: for me à ce Monastere. Il y abolit les pratiques des Orientaux. Il fit abbattre toutes les cellules particulieres, & rassembla tous les Religieux dans un même dortoir , n'aïant accordé des cellules & une table particuliere qu'aux malades. Perfonne n'y avoit rien en propre. La lecture & l'oraison s'y failoient en commun, il retrancha même beaucoup des premieres austerités , quoiqu'il fût trés austere car quoique ses Religieux fiffent quelquefois deux repas; par jour, il ne mangeoit qu'une fois. Il établit dans sa Communauté l'usage de faire la lecture au refectoire. Telle fuc la maniere de vivre des Religieux de Condat sous leurs pre- pour lui-même: Tome K. S. CLAUDE. Congre- miers Abbés , qui quoiqu'ils n'affectassent pas entierement GATION DE de suivre les coûtumes des Orientaux, ne laisserent pas de faire lire à leurs Religieux les Regles de saint Pacô- Saint Oyan eut aussi plusieurs successeurs dans le Gou. La sainteté detous ces Abbés, fit que les Papes , les Empereurs, les Rois, les Princes & plusieurs Seigneurs, donnerent à cette Abbaïe des marques de leur piecé & de leur liþeralité. Mais ses revenus étant déja fort diminués , lorsque saint Claude en fut fait Abbé : il pensa aux moïens de la faire Congrerentrer dans la jouissance de ses biens , & étant venu pour cet s CLAU DE effet à Paris trouỹer le Roi Clovis III.ce Prince restitua à ce Monastere cinquante muids de froment,autant d'orge,& cinquante livres d'argent en monnoïe, qu'il reconnut lui devoir. Saint Claude aïantremis son Abbaïe en la possession de ses droits , il en repara les bâtimens , orna les Eglises & les fournit de vases sacrés. Les Rois de France continuant de favoriser cette Abbaïe, Pepin lui donna quelques terres , & lui accorda le droit de faire battre monnoïe : ce qui fut confirmé par l'Empereur Charlemagne son fils , qui à la priere de saint Hippolite qui en étoit pour lors Abbé, renouvella tous les privileges de cette Abbaïe. Ce Prince lui soûmit aussi le Prieuré de Beaume ou de saint Romain. Quelques-uns pretendent que ce fuc aussi lui qui la maintint dans la poffeffion de celui de Lauconne,ou de S. Lupicin,que Gedeon Archevêque de Besançon vouloit soustraire : mais le P. Mabillon prouve que ce ne fut pas Charlemagne;mais Charles le Chauve qui termina ce differend l'an862.L'Empereur Frideric Barberousse confirma Archives de aufli à l'Abbaïe de S. Claude le droit de faire battre monnože la Chambre des Comptes par ses Lettres de l'an 1184. où il fait le denombrement des de Dol LetEglises, Chapelles & Prieurés dépendans de ce Monastere, tres.n. 138. dans les Diocéses de Lion , de Vienne & de Besançon, qui font en grand nombre. Philippe Duc de Bourgogne dans un Mandement donné à Lille le 9. Mars 1436. fait mention Ibid m.1407 de toutes les graces , franchises & libertés qui avoient été accordées par les Comtes de Bourgogne à cette Abbare, & qui n'appartenoient qu'aux Souverains, comme de faire battre monnoïe, de donner des faufs-conduits, des remissions & des graces en crimes capitaux, de legitimer les batards , d'annoblir & autres choses semblables. Quoiqu'on ne puisse pas précisément déterminer le tems que la Regle de saint Benoît fut reçuë dans cette Abbaïe, it ý a neanmoins bien de l'apparence que ce fut plâtôt sous le regne de Charlemagne dans le huitiéme fiécle, ou au commencement du neuviéme, que dans le dixiéme, quoiqu'en disent les Religieux de certe Abbaïe, qui se sont opposés aux nouveaux Statuts faits pour ce Monastere par M. le Cardinal d'Estrées, en qualité de Commissaire & de Visiteur GATION DE CONGRE Apostolique, dans l'une de leurs Requêtes presentées au puisque dans l'Assemblée d'Aix-la-Chapelle,convoquée par les 1 S. guliers trop fevere, se sont entierement secularisés pour le Conoarmieux conformer aux mæurs du siécle & vivre à leur volon-SATION DE té. Ainsi il y a beaucoup d'apparence que la regle de saint Benoît étoit reçuë dans l'Abbaïe de saint Claude au commencement du neuviéme siécle, si elle n'y étoit pas même dès le huitiéme. Cette Abbaïe bien loin d'avoir été Chef d'un Ordre particulier, comme il y en a qui le prétendent, étoit unie dès le treiziéme siécle avec les Monasteres de l'Ordre de saint Benoît de la Province de Lion , ce qui se fit après la tenuë du IV. Concile general de Latran sous le Pape Innocent III. où il fut ordonné que dans chaque Province, on tiendroit tous les trois ans un Chapitre general de tous les Abbés & des Prieurs des Monasteres qui n'avoient point d'Abbés,& qui n'avoient pas accoûtumé de tenir de pareilsChapitres ; & que dans les premiers Chapitres ils y appelleroient quatre Religieux de l'Ordre de Cîteaux , pour leur apprendre comme il s'y falloit comporter. L'Abbé de saint Claude présidoit à ces Chapitres : car par une Bulle du Pape InnocentIV. de l'an 1252. adressée aux Abbés de saint Benigne de Dijon , & de faint Oyan ou saint Claude , Presidens du Chapitre general de la Province de Lion , qui s'étoient plaints au Pape de ce qu'on ne leur tenoit pas compte des frais considerables qu'ils faisoient pour assembler ces Chapitres generaux , le Pape leur donna pouvoir de contraindre par censures Ecclesiastiques ceux qui étoient obligés de s'y trouver , de les rembourser de leurs frais. Benoît XII. aïant donné dans la suite des Reglemens sur la discipline qui devoit être observée dans ces Chapitres generaux , par sa Bulle appellée Benediktine , de l'an 1336. ordonna que ceux, ausquels il oblige le Superieur de l’Abbaïe de faint Claude d'allister , seroient composés des Superieurs des Monasteres de l'Ordre de saint Benoît, des Provinces Ecclesiastiques de Lion, de Besançon & de Tarantaise. Ce Pape y distingue trois sortes de Chapitres qu'il veut être tenus dans l'Ordre de saint Benoît, les Provinciaux, les Generaux & ceux des Maisons particulieres. Les Provinciaux étoient les plus solemnels & qui avoient plus d'autorité, puisque les Chapitres generaux leur étoient subordonnés, & ceux-ci ne devoient être composés que de |