GATION CONGRE: du Vendredi-Saint dans leur Eglise. Quelques-uns croient entre deux cens cinquante que Ruffi témoigne avoir vûë , il Joan. Bapt. Guesnai , Masilia sacra , & S. Joann. Cafl. . five Chron. Monaft. S. Victoris. Ruffi. Histoire de Mar- Сн Арт т к Е X VII. Condat ca de faint Oyan , du Mont-Jura au Comté de Bourgogne. Ous ne prétendons point par le titre de Chef d'Ordre & de Congregation que nous donnons à la noble & celebre Abbaïe de S. Claude , appuier le sentiment de ceux qui soûtiennent qu'elle a toûjours fait avec ses Membres qui en dépendent, un Ordre particulier & separé : nous ne la regardons au contraire que comme un de ces Monasteres que l'on n'appelloit dans l'Ordre de faint BenoîtChefs d'Ordre, que parce qu'ils avoient dans leurs dépendances plufieurs Maisons & Prieurés Conventuels. Cette prérogative lui étoit commune avec les Abbaïes de Marmoutier, de Fleuri, ou de saint Benoît sur Loire, de saint Benigne de Dijon, de Fuldes,de Lerins, & de saint Victor de Marseile, dont nous avons déja parlé, & avec celles de Sauve-Majour, GATION DE de Cave, de Sasso-Vivo, de Cluze, & quelques autres dont CONGRI. nous par erons dans la suite ; & les mêmes raisons qui nous S, CLAUDI. . ont porté à ne parler de l’Abbaïe de saint Victor, qu'après avoir rapporté les Reglemens faits au Concile d'Aix-laChapelle l'an 8 17. nous obligent d’en user de même à l'égard de celle de saint Claude. Cette Abbaïe, que l'on appelloit anciennentent de saint Oyan & de Condat , reconnoît pour Fondateur S. Romain, qui vers l'an 425 se retira dans les deserts du Mont-Jura en Bourgogne , où il vecut en Ermite dans un lieu appellé Condat,à cause de la jonction des rivieres de Bienne & d'Aliere qui se fait en cet endroit , les anciens Gaulois appellant Condat, ce que nous appellons Conflant. Quelques années après son frere Lupicin averti par une vision, alla se joindre à lui ; ensuite deux Ecclesiastiques , & quantité d'autres personnes se rendirent auprès d'eux, & se soûmirent à leur conduite. La sterilité de la montagne obligea ces Solitaires de se retirer dans un lieu voisin plus commode , où la terre leur fournissant plus abondamment leurs besoins , ils y jetterent les fondemens d’un Monastere , qui ne peut avoir été bâti que vers l'an 430. Le nombre des Solitaires augmentant de jour en jour , ils furent obligés d'en bâtir un fecond , éloigné de celui de Condat de deux milles, dans un lieu appellé Lauconne , & ces deux Communautés étoient indifferemment gouvernées par les deux freres Romain & Lupicin,quoique d'humeur differente : l'un étant très severe & très exact, l'autre au contraire ayant beaucoup de douceur & de facilité. Ils en bâtirent un troisiéme dans ces montagnes pour des filles que l'on appella de Beaume ou de la Roche, le mot de Beaume étant encore un vieux motGaulois,qui signifie Roche. Leur four, qui avoit aussi suivi leur exemple, y gouverna une Communauté de cent cinq Religieuses , qui gardoient une continuelle & exacte clôture. On ne les voïoit jamais que pour les porter en sepulture dans le Cimetiere;& quoique ce Monastere fût bâti fort proche de celui de Lauconne, où la plûpart de ces Religieuses avoient leurs parens ou leurs freres , on ne permettoit point aux Religieux de ce Monastere de parler à leurs parentes. Mais ce lieu étant trop desert pour pouvoir fournir la subsistance à ces Religieufes, elles l'abandonnerent peu de tems après ; & comme saint GATION DE CONGRE- Romain y fut enterré, il a été changé depuis en un Prieuré, S. CLAUDE. qui a conservé son nom jusqu'à present , & qui est uni à la Dignité de Grand Prieur de l'Abbaïe de saint Claude. Ce Saint bátit encore un quatriéme Monastere en Allemagne dans le païs de Vaux proche Lausane , qui fut aussi appellé de son nom Roman-Moustier. Comme æ Saint en se retirant dans la solitude du MontJura avoit apporté avec lui les Institutions de Cassien, il y a bien de l'apparence qu'elles servirent de Regles à ces Solitaires de Condat,& des autres Monasteres dont nous venons de parler ; mais principalement dans celui de Condat , où la vie étoit très austere. On n'y mangeoit point de viande; on n'y bûvoit point de vin , & fi l'on permettoit le lait & les. aufs, ce n'étoit qu'aux malades. Du pain émietté dans de l'eau froide, que l'on prenoit ave une cuilliere, étoit leur mets le plus ordinaire. Leur habillement étoit fort pauvre, ils se contentoient d'une tunique faite de peaux de diverses bêtes. Dans l'enceinte du Monastere ils portoient des soques ou sandales de bois , & prenoient feulement des fouliers, lorsqu'ils étoient obligés de sortir pour le service du prochain. Telle étoit la maniere de vivre des Religieux de Condat , que saint Lupicin gouverna seul après la mort de saint Romain , qui arriva l'an 460. ou environ. Il semble qu'il n'y avoit dans le Monastere de Condat,que ceux qui deliroient tendre à une plus grande perfection , & imiter en tout les Solitaires de l'Egypte : car à leur exemple ils demeuroient dans des cellules leparées les unes des autres ; & il y en avoit plafieurs d'entr'eux qui étoient arrivés у à une si grande sainteté, qu'ils avoient le don des miraclesMais quoique saint Lupicin fût d'une austerité surprenantey & que ces Religieux de Condat ne pratiquaflent que les mortifications dont il leur donnoit l'exemple ; il usoit neanmoins de plus grande indulgence envers ceux du Monastere de Lauconne. Ils ne sublistoient pas seulement du travail de leurs mains ; car le saint Abbé les nourrissoit de l'argent d'un trésor que Dieu lui découvrit. Comme ce trésor étoit caché dans le desert ,il ne le transporta point dans le Cloître; mais sans en parler à personne, il y prenoit chaque année ce pour l'entretien de la Communauté, cela ne suffisant pourtant pas pour tous leurs besoins. Saint Lupicin representa qu'il falloit 'S. ز representa à Chilperic Roi de Bourgogne, que ses Religieux Congres manquoient quelquefois des choses necessaires. Ce Prince CATION DE lui offrit des terres & des vignes ; mais il le remercia , ne voulant pas les accepter , de crainte que les richesses n’inspirassent de la vanité à ses Disciples : ce qui fir que le Roi ordonna qu'on lui donnât tous les ans trois cens mesares de bled , & autant de vin pour la nourriture de ses Religieux , & cent pieces d’or pour leur acheter des habits. A infi com, Ainsi me la vie étoit moins austere au Monastere de Lauconne qu'à celui de Condat , le nombre des Religieux y étoit aussi plus grand ; ils étoient cent cinquante lorsque saint Lupicin y mourut, vers l'an 480. Il fut enterré dans ce Monaftere qui a porté depuis son nom , comme celui de Beaume a pris celui de saint Romain, à cause qu'il y avoit eu aussi sa sepulture. Saint Injurieux,onziéme Abbé de Condat, fit lever de terre l'an 648. les corps de ces deux Saints, pour les mettre dans l'Eglise de fon Abbaïe. Il crut au moins y ávoir fait porter celui de saint Lupicin,mais on a reconnu depuis qu'il s'étoit trompé : car sur la fin du dernier siécle, comme on Ôta le maître Aurel de l'Eglise de Lauconne pour aggrandir le chąur , en foüillant dans les fondemens, on y trouva des. ossemens & la tête d'un corps , qui par l'inscription qui y étoit , fut reconnu pour être celui de saint Lupicin, apres que l'on eût consulté sur cela l'Archevêque de Besançon, lePere Mabillon, & d'autres perfonnes fçavantes. Aprés la mort de saint Lupicin, Minause lui succeda dans le gouvernement de Condat, & l'on mit un autre Abbé à Lauconne : mais comme Minause étoit infirme , il demanda pour Coadjuteur faint Oyan , qui donna toute une autre forme à ce Monastere. Il y abolit les pratiques des Orientaux. Il fit abbattre toutes les cellules particulieres,& rassembla tous les Religieux dans un même dortoir , n'aïant accordé des cellules & une table particuliere qu'aux malades. Perfonne n'y avoit rien en propre. La lecture & l'oraison s'y failoient en commun, il retrancha même beaucoup des premieres austerités , quoiqu'il fût trés austere pour lui-mêine: car quoique ses Religieux fiflent quelquefois deux repas par jour, il ne mangeoit qu'une fois. Il établit dans sa Communauté l'usage de faire la lecture au refectoire. Telle fuc la maniere de vivre des Religieux de Condat sous leurs preIome K. X $. CLAUDE. Congre- miers Abbés, qui quoiqu'ils n'affectassent pas entierement GATION DE de suivre les coûtumes des Orientaux, ne laisserent pas de faire lire à leurs Religieux les Regles de faint Pacôme & de saint Basile , les Institutions de Cassien , & même les coûtumes des Moines de Lerins qui suivoient , comme nous avons dit , la Regle de saint Macaire. Ces premiers Abbés de Condat eurent des Disciples que l'Eglise honore & dont elle fait la fête , comme saint Pallade, & faint Sabinien, qui vêcurent sous le gouvernement de saint Romain, saint Antidiole & saint Valentin , sous celui de saint Oyan. Ce saint Abbé mourut l'an 51o. & aïant été enterré à Condat, ce Monastere prit son nom peu de tems aprés que le monastere de Beaume avoit pris celui de saint Romain & Lauconne celui de saint Lupicin. Condat portoit encore le nom de saint Oyan dans le douziéme siécle ; mais les frequens miracles qui se sont faits , & qui se font encore tous les jours au tombeau de saint Claude, Archevêque de Besançon, puis Religieux & Abbé de cette Abbaïe , où il fut enterré l'an 696. & où son Corps s'est conservé jusqu'à present sans corruption, lui firent donner dans la suite le nom de saint Claude , qu'elle porte encore aujourd'hui. Saint Oyan eut aussi plusieurs successeurs dans le Gouvernement de cette Abbaïe , qui sont reconnus pour saints : tels furent saint Antidiole, dont nous avons déja parlé, qui fit bâtir une Eglise sur le tombeau de saint Oyan : saint Olympe qui fit venir à Condat des seculiers , ausquels , sous certaines redevances , il donna des places pour bâtir des maisons , qui ont formé le bourg que l'on y voit à présent : Saint Sapient qui fit bâtir une Chapelle , qu'il dedia à saint Etienne premier Martyr, pour servir de Paroisse aux habitans de Condat : faint Thalaise, saint Dagaumond , saing Auderic , saint Injurieux , faint Rustique, saint Claude, saint Anfrede, saint Hippolite , & faint Wulfued , comme porte une ancienne Chronique de ce Monastere , qui se trouve à la fin du premier volume des Annales Benedi&ines du Pere Mabillon. La sainteré detous ces Abbés , fit que les Papes , les Empereurs, les Rois, les Princes & plusieurs Seigneurs, donnerent à cette Abbaïe des marques de leur piecé & de leur liþeralité. Mais ses revenus étant déja fort diminués, lorsque |