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DE S. BENDIT.

PROGRE'S

les Monasteres, & qu'il l'avoit fait connoître de son vivant. DE OR C'est l'Autographe de la même Regle écrit de la main de

ce Saint,qu'il donna à S. Maur quand il l'envoïa en France, & qui a été conservé dans l'Abbaïe de Marmoutier, jusques dans l'onziéme siécle. Il est vrai que Gallonius n'a rapporté de manuscrit du Vatican , que pour prouver que saint Maur n'avoit point porté cette Regle en France,ni saint Placide en Sicile, & que plusieurs Ecrivains ont aussi douté de la mission de saint Maur ; mais après ce qu'en ont écrit si sçavamment Dom Mabillon & Dom Thierry Ruinart, pour la prouver, on ne peut rien ajoûter , & il faut que les plus incredules cedent à la force de la verité.

La premiere Mission qui se fit hors de l'Italie,fut celle de saint Placide, que saint Benoît envoïa en Sicile l’an 534. Tertulle pere de Placide , qui étoit riche, aïant donné à ce saint Patriarche des terres de grande valeur, il en prit poffession, & commença d'en joüir par Procureurs mais aiant

; appris que des personnes puissantes vouloient usurper celles qui étoient dans la Sicile, il y envoïa saint Placide, avec Gordien & Donat, qui y bâtirent un Monastere.

Saint Innocent Evêque du Mans, aïant envoïé à saint Benoît Flodegard son Archidiacre, & Harderard son Intendant, pour lui demander de ses Religieux, il choisit saing Maur , auquel il donna pour Compagnons Simplice, Constantinien, Antoine & Fauste,pour aller faire dans le Maine l'établisseinent

que fouhaitoit le faint Evêque. Ils partirent du Mont-Cassin l'an 543. & arriverent la même année en France. Ce ne fut pas neanmoins dans le Maine que le premier Monastere de cet Ordre fut fondé dans ce Roïaume:car S. Maur & ses Compagnons étant arrivés à Orleans, & aïant appris la mort de saint Innocent Evêque du Mans, & que celui qui s'étoit emparé de son Siége, n'étoit posé à favoriser leur entreprise ; ils allerent dans l'Anjou , où ils bâtirent le Monastere de Glanfeüil , qui a été une fource feconde , qui en a produit une infinité d'autres en ce Roïaume, qui font des plus celebres de cet Ordre ; & si on vouloir croire les Chroniques d'Yepés, & le Menologe de Bucelin, faint Maur en auroit bâti jusqu'à cent soixante en France,qui en moins de quarante-deux ans auroient eu plusieurs millions de revenu ; & en auroit reformé un plus

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grand nombre. Mais comme ces Auteurs n'ont pas été en PROGREI cela plus exacts qu'en beaucoup d'autres choses, on ne doit de l'O R. pas leur ajoûter plus de foi , que lorsqu'ils disent que saint BENOIT. Benoît envoïa de ses Religieux en Espagne pour y multi

у plier son Ordre. Yepés dit que le premier Monastere de cer Ordre qui y fuc fondé l'an 537. fur celui de saint Pierre de Cardenas ; & Bucelin dit que dès l'an 533.saint Turibius, qui fut dans la suite Evêque de Palencia , y fut envoïé par le saint Fondateur , avec plusieurs autres Moines. Il y fais même aller aussi une autre Colonie l'an 539.Ces Auteurs à la verité, n'ont parlé qu'après une Chronique faussement attribuée à Maxime de Sarragosse , qu'Hæstenius a aussi suivie , qui au jugement des Sçavans est pleine de fables & de rêveries. Mais le P. Mabillon qui n'a cherché dans ses Annales qu'à developper la verité , reconnoît que les Benedictins n'entrerent dans ce Roïaume que plusieurs années après. Et comme les Maures au commencement du huitiéme siécle y firent une irruption & ruinerent plusieurs

& Monasteres,dont les Archives furent brûlées, le P. Mabillon ne peut pas determiner en quelle année positivement la Regle de saint Benoît fut connuë dans ce Roïaume : il a ręcours, comme bien d'autres , aux conjectures , & il croit que cette Regle étoitobservée dès l'an 633.dans quelques Monasteres, se fondant sur le témoignage des Peres du IV. Concile de Tolede,qui , comme nous avons déja dic,ordonnerent que ceux qui auroient été offerts aux Monasteres par la devotion de leurs parens,& qui y auroient reçu l'habit de Religion, ne le pourroient plus quitter , mais demeureroient Religieux le reste de leur vie: ce sçavant Benedi&in croic que cela ne se peut entendre que de la Regle de saint Benoît, où il est parlé des enfans qui étoient offerts par leurs parens, qui promettoient avec ferment qu'ils ne leur donneroient jamais rien. soit par eux ou par aucune autre personne interposée,de peur qu'ils n'eussent un moïen de se perdre , c'est-à-dire , d'aller contre leur veu, ou de retourner dans le siécle : mais comme la Regle de saint Basile parle aussi des enfans qui sont offerts par

leurs parens , le quatriéme Concile de Tolede pouvoit aussi bien parler des enfans qui étoient offerts dans l'Ordre de saint Basile, comme de ceux qui étoient offerts dans l'Ordre de saint Benoît.

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PROGRE'S

L'OR

BENOIT.

Le tems que l'Ordre de saint Benoîc passa en Angleterreeft DRE DE 5. plus connu. C'est à cetOrdre que les Anglois sont redevables

de leur conversion. Le Christianisme y avoit à la verité écé annoncé dès le deuxiéme siécle,lorsque les Bretons en étoient les maîtres ; mais il y avoit été presque éteint depuis que

les Anglois & les Saxons peuples Idolâtres en avoient chassé les Bretons , & à peine y en restoit-il quelque trace. Saint Gre goire y envoïa l'an 596. saint Augustin, Brieur du Monastere de faint André de Rome , avec plusieurs autres Moines, qui en peu de tems retirerent des tenebres de l'Idolâtrie les peuples de ce païs,qui étoit divisé en plusieurs Roïaumes. Saint Augustin prêcha d'abord dans celui de Kent,& fut le premier Archevêque de Cancorberi. Non seulement les Benedictins fonderent plusieurs Monasteres dans le Roïaume d’Angleterre , mais l'Eglise de Cantorberi & toutes les Cathedrales qui furent erigées dans la suite, tinrent encore lieu de Monasteres à ces Religieux qui desservoient ces Eglises ; ce qui a duré pendant plusieurs siécles , & même jusques sous le Regne d'Henri VIII. qui commença le malheureux Schisme qui abolit la Religion Catholique dans ce Roïaume: quelques Eglises Cathedrales , entr'autres celle de Cantorberi, étoient pour lors desservies par des Benedi&tins,& non pas par des Chanoines.

Ce n'est pas seulement l'Angleterre que les Benedi&tins ont éclairée de la lumiere de la foy;la Frile eut aussi le même avantage par le moïen de saint Willibrod ou Wilbrod qui y prêcha l'Evangile l'an 690. Il y bâtit le Monastere d'Éter

celui de Sturem,& un autre proche Treves. Saint Boniface Archevêque de Mayence étoit ausi Benedi&tin. C'est lui que l'Allemagne reconnoît pour son Apôtre : il y fonda l'an®773. les Monasteres d'Omenbourg & d'Ordof , & l'an 774

le celebre Monastere de Fulde, dont nous parlerons dans la suite. Enfin il n'y eut point de Provinces où la Regle de faint Benoît ne fût connuë dans la suite, & les Monasteres de cer Ordre étoient en fi grand nombre l'an 1336. que le Pape Benoît X 11.voulant reformer l'Ordre de saint Benoît, lui prescrivit des Reglemens par sa Bulle appellée Benedi&ine, où il le divise en 37. Provinces, marquant même des Roïaumes entiers pour des Provinces, comme les Roïaumes d'Ecosse,deBohême,de Dannemark,de Suede,&c.ce qui fait

comprendre

nac,

T.V. P. 16.

Autre Ancien Benedictin

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