TARA. ORDRI fit fi bien par fes prieres & fes remontrances,qu'il se contenta D'ALCAN- de le faire mettre dans un cachot,où il demeura encore huit mois, après lefquels il en fortit pour la feconde fois : car François de Solis qui fervoit la Reine Ifabelle, heritiere de la Couronne de fon frere Henri, aïant eu le malheur de tomber de cheval dans une bataille, & ne pouvant fe relever, pria un homme qui paffoit de lui rendre ce fervice: mais celui-ci qui avoit été Domestique du Grand-Maître de Monroi, trouvant l'occafion de venger fon Maître, lui passa fon épée au travers du corps,& le tua. De Monroi aïant appris la mort, ne negligea rien pour engager Mofon à le délivrer ; ce qui lui réuflit. Se voïant en liberté, il affembla des troupes,avec lefquelles il entra fur les Terres de la Ducheffe de Placentia, où il s'empara de quelques places. Comme le Duc de Placentia tenoit le parti du Roi de Portugal, qui difputoit la Couronne de Caftille & de Leon aux Rois Catholiques Ferdinand & Ifabelle, ce Prince & cette Princeffe écrivirent au Grand-Maître, pour l'engager à continuer la guerre qu'il avoit entreprise contre le Duc de Placentia,& à pourfuivre comme ennemis tous ceux qui étoient entrés dans les interêts du Roi de Portugal: ainfi il s'empara de beaucoup de places au nom des Rois Catholiques Ferdinand & Ifabelle. Mais il prit lui-même dans la suite le parti du Roi de Portugal, & enfin par le Traité de paix qui fut fait entre ces Princes en 1479. un des articles portoit que les Rois Catholiques pardonneroient au Grand-Maître, & qu'il renonceroit à cette Dignité. Par ce moïen Dom Jean de Zuniga fut paifible poffeffeur de la Grande-Maîtrife, jufqu'en l'an 1494. qu'il s'en démit en faveur du Roi Ferdinand, qui en prit poffeflion comme Adminiftrateur, en confequence d'une Bulle qu'il avoit obtenue du Pape Innocent VIII. dès l'an 1492. & qui fut confirmée par fon fucceffeur Alexandre VI. afin d'empêcher que les GrandsMaîtres d'Alcantara ne fe liguaffent à l'avenir avec le Roi de Portugal. Zuniga fit bâtir un Couvent de cet Ordre à Villanueva de la Serena, où il fe retira avec trois Chevaliers & trois Freres Chapelains. I obtint enfuite une Bulle du Pape,qui exemtoit ce Couvent de la Jurifdiction du GrandMaître d'Alcantara, en cas que cette Dignité fût rétablie en titre, & de celle des Rois d'Espagne, tant qu'ils feroient Administrateurs 'Administrateurs de cet Ordre. Il fut enfuite pourvû de OR DRE l'Archevêché de Seville, & le Pape le fit Cardinal. Cet Ordre a trente-fept Commanderies, dans lefquelles font comprises les Dignités de Clavier & de Sacriftain Majeur ou Grand-Tréforier, & il eft Seigneur de cinquantetrois Bourgs ou Villages en Espagne. Il y a les mêmes Dignités que dans l'Ordre de Calatrava. Les Chevaliers ont prefque auffi les mêmes Statuts. Leur habit de cérémonie confifte pareillement dans un grand manteau blanc; & ce qui les diftingue des Chevaliers de Calatrava, c'eft la croix verte fleurdelifée,qu'ils portent fur le manteau du côté gauche. Ils font auffi un quatriéme veu, de foûtenir & defendre l'Immaculée Conception de la fainte Vierge. La Grande Maîtrise fut dans la fuite annexée à la Couronne d'Espagne par le Pape Adrien VI. avec celles des Ordres de faint Jacques & de Calatrava, & les Chevaliers eurent auffi la permiffion de se marier en 1540. Ils ont pour armes un Poirier avec deux entraves. Francisco Radez, Chron. de las Ordenes y Cavall. de SantJago Calatrava y Alcantara. Francifco Caro de Torez,Hift. de las ordenes Militares de Sant-Iago, Calatrava y Alcantara. Andreas Mendo, de Ordinibus Militaribus. Angel. Manriq. Annal. Ord. Cifter. Chrifoftom. Henriquez, Regul. &Conftitut. Ord. Cifter. Bernard Giuftiniani, Hift. Chronol. de gli Ord. Milit. Favin, Mennenius, Belloy, Schoonebeck & Herman, dans leurs Hift. des Ord. Milit. Dom Rodric de Tolede & Mariana. D'AVIS. Q Des Chevaliers de l'Ordre d'Avis. UOIQUE l'Ordre d'Avis foit plus ancien que ceux de Calatrava & d'Alcantara,nous ne lui donnons néanmoins rang qu'après ces Ordres, à cause qu'il a été foûmis à celui de Calatrava. Il y en a qui font remonter fon origine jufqu'à l'an 1147. & qui difent que du tems d'Alphonse, premier Roi de Portugal, quelques Gentilshommes s'étant unis ensemble pour combattre contre les Maures, firent entre eux comme une efpece de focieté fans s'engager à aucun Tome VI. I D'AVIS. ORDRE vœu n'y a aucune maniere de vie particuliere, n'aïant d'au tres obligations que de combattre les Infideles & de suivre le Roi dans les armées : que ce Prince leur donna pour Maître Dom Ferdinand Rodrigue de Monterio: que leur focieté s'appella la nouvelle milice, & que ces Chevaliers pendant le fiége de Lifbonne s'étant rendus maîtres du château de Mafra, le Roi leur en fit don. que Il fe peut faire que cet Ordre ait commencé dès l'an 1147. mais il ne fut établi en forme de Religion Militaire l'an 1162.& le premier Grand-Maître n'a point été Ferdinand Rodrigue de Monterio, ce fut un Prince François parent du Roi, qui fe nommoit Pierre, & qui prenoit la qualité de Pair de France,comme il paroît par l'Acte primordial de l'Institution de cet Ordre, dont l'original eft confervé (au rapport de Bernard Britto dans fes Chroniques de l'Ordre de Cîteaux ) dans les Archives du Couvent d'Alcobaza du même ordre; lequel Acte, qui eft daté des Ides de l'Ere 1200. eft figné de l'Archevêque de Brague pour tout le Roïaume de l'Evêque de Conimbre pour les Seigneurs de la Cour; de celui de Lisbonne pour tout le Clergé; de Pierre parent du Roi & Pair de France comme Maître de la nouvelle milice pour lui & pour tous fes Chevaliers. Petrus proles Regis, Par Francorum & Magifter nova militia,pro parte mea, & meorum militum confirmo omnia & approbo; de Ferdinand Rodrigue Monteiro feulement comme Chevalier : Ferdinan dus Roderici Monteiro, miles nova militia approbo & confir mos & de fix autres Chevaliers. L'on voit par cet Acte,qu'Ange Manrique a inferé tout au long dans fes Annales de Câteaux,& que les Chevaliers d'Avis ont auffi fait mettre à la tête de leurs Statuts, que cette nouvelle milice fut établie en Religion Militaire en présence du Roi Alphonfe, des Seigneurs de fa Cour, & du Legat du Pape, par Jean Zirita Abbé de Tarouca, qui prefcrivit aux Chevaliers leur maniere de vie, & leurs obligations,qui confistoient à défendre par les armes la Religion Catholique, exercer la charité, garder la chafteté, porter un habit de Religion qui devoit confifter en un capuce & un petit fcapu laire fait de maniere qu'il ne pût pas les empêcher de combattre. La couleur & la forme de leurs habits ordinaires étoient à leur choix : mais le fcapulaire & le capuce de |