TEMPLIERS

loit aux Princes, aïant en cette qualité eu l'honneur de tenir ORDRE DE fur les Fonts de Baptême un des enfans du Roi Philippe le Bel.

Le Roi nonobftant cela, le fit arrêter avec tous fes Confreres, & il fut réservé avec trois autres, Gui frere du Dauphin d'Auvergne, Maître de Normandie, Hugues Peraud qui avoit une des principales Charges de l'Ordre,& un autre qui en avoit eu une aux finances du Roi. Guillaume de Nangis dit que quand il fut question de terminer le procès des Templiers, le Pape donna pouvoir à trois Cardinaux Legats, à l'Archevêque de Sens & à quelques autres pour juger ces quatre Chevaliers, qu'étant comparus devant ces Juges ils reconnurent publiquement les crimes dont ils étoient prévenus & perfifterent dans leurs premieres Confeffions. Ĉes Juges ordonnerent enfuite, que l'on dreffât un échafaut au parvis de Nôtre-Dame,où on leur feroit fçavoir ce qui feroit ordonné. Le jour étant pris pour cela, un des Cardinaux aïant fait un difcours au peuple, dit que ces quatre Templiers étoient condamnés à une prifon perpetuelle pour avoir franchement confeffé leurs fautes. Mais comme les Juges y penfoient le moins,le Grand Maître & Gui Maître de Normandie, fe leverent en préfence de tout le peuple & des Juges, & declarerent que tout ce qu'ils avoient dit en leurs interrogatoires étoit faux. Auffi-tôt les Cardinaux les livrerent au Prevôft de Paris qui étoit préfent. Cette nouvelle fut portée au Roi qui affembla fon Confeil, fans y appeller d'Ecclefiaftiques, où il fut arrêté que fur le foir le Grand Maître & fon compagnon feroient brûlés dans l'ifle du Palais entre le jardin du Roi & les Auguftins : ce qui fut executé. Ils endurerent conftamment ce fuplice & perfifterent jufqu'à la fin, difant que tout ce qu'ils avoient déposé étoit faux. A l'égard des deux autres qui ne parlerent point, ils furent renfermés, conformément à la Sentence, dans une prison pour le refte de leurs jours. Ainfi fut éteint l'Ordre des Chevaliers Templiers dans toute la Chrétienté, hors en Allemagne, où ils fe maintinrent quelque tems dans l'Archevêché de Mayence, & se firent abfoudre dans un Synode que l'Archevêque de Mayence avoit affemblé à leur occafion. Quoique leurs biens euffent été unis à l'Ordre des Hofpitaliers de Jerufalem, quelques Princes en curent néanTome VI.

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VA.

ORDRE DE moins une partie : car Philippe le Bel retint pour les frais du CALATRA- procès les deux tiers de leurs biens mobiliaires, Ferdinand II. Roi de Castille appliqua à fon domaine tous les biens qu'ils avoient dans fes Etats: le Roi d'Arragon inftitua l'Ordre de Montefa, & le Roi de Portugal celui d'Avis, aufquels les biens que les Templiers avoient en ces Roïaumes furent incorporés.

Mennenius, Bernard, Giustiniani, & Schoonebek, Hift. Ord. Milit. Britto & Manriq. Annal. Ord. Ciftert. Henriquez, Regul. & Conftitut. Ord. Cift & Cong. Milit. Nicol. Gurter, Hift. Templar. Du Pui,Hiftoire de la condam. des Templ. Guillaume de Tyr, l. 12. c. 7. de bello facro. Matthieu Paris, Hift. Angl. Ann. Chr. 1244. Bzovius, Sponde & Rainaldi,in Annal. Ecclef. & Mezeray, Hift. de Philippe le Bel.

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Des Chevaliers de l'Ordre de Calatrava.

'AN 614. de Jesus-Chrift les Maures aïant vaincu le Roi Rodrigue, & s'étant emparés de l'Andaloufie, ils fortifierent la ville d'Oreto, à laquelle ils donnerent le nom de Calatrava, & dont ils demeurerent les maîtres pendant près de quatre cens ans, jufqu'à ce qu'Alphonfe furnommé le Batailleur ou le Guerrier, & qui fe qualifioit Empereur des Efpagnes, aïant affiégé cette place l'an 1147.s'en empara & la donna enfuite aux Chevaliers Templiers, afin qu'ils la gardaffent, & s'oppofaffent aux irruptions de ces Infi. deles. Mais ils ne la poffederent qu'environ huit années. Les forces que les Maures affemblerent pour reprendre Calatrava les épouvanterent tellement que ne se croïant pas en état de leur pouvoir résister, ils remirent cette ville entre les mains de Dom Sanche qui avoit fuccedé au Roïaume de Castille, après la mort du Roi Alphonse.

Ce Prince fit publier dans fa Cour que s'il y avoit quelque Seigneur qui voulût entreprendre la défense de cette place,il la lui donneroit en proprieté, & qu'elle pafferoit auffi à fes heritiers. Mais perfonne ne se préfenta; l'armée formi dable que les Maures préparoient, & qui avoit effraïé les Templiers, ne caufa pas moins de trouble dans l'efprit de

ceux qui auroient eu quelque deffein d'accepter les offres du ORDRE DE Roi, il n'y eut qu'un Religieux de l'Ordre de Cîteaux, qui CALATRA crut avoir affez de courage pour pouvoir entreprendre la défense de cette place.

C'étoit Dom Didace Velasquez, Religieux de l'Abbaïe de Nôtre Dame de Fitero dans le Roïaume de Navarre. Il étoit natif de Burveva dans la vieille Caftille, & avoit longtems porté les armes avant que d'être Religieux. Il étoit fort connu du Roi Dom Sanche, & c'eft peut-être ce qui avoit porté fon Abbé Dom Raimond qui avoit quelques affaires à la Cour de ce Prince, de le prendre pour fon compagnon. Il follicita fort cet Abbé de demander au Roi la ville de Calatrava & d'en entreprendre la défense. D'abord l'Abbé Raimond rejetta cette propofition: mais enfin follicité par ce Religieux,il demanda cette ville au Roi. On le regarda d'abord comme un fou ; cependant ce Prince par une inspiration divine, lui accorda fa demande & donna cette ville à l'Ordre de Cîteaux, principalement aux Religieux de l'Abbaïe de Fitero,comme il est marqué par la donation qui en fut faite, à condition que ces Religieux la défendroient contre les Infideles: Quapropter ego Rex Sanctius Dei gratia Domini Alphonfi bona memoria illuftris Hifpaniarum Imperatoris filius, divino amore infpirante, facio chartam donationis & textum Scriptura in perpetuum valiturum, Deo & B. M. & Sanita Congregationi Ciftertienfi, & vobis Domino Raimondo Abbati S. M. de Fitero,& omnibus fratribus veftris tam præfentibus quam futuris de villa qua vocatur Calatrava: ut habeatis & poffideatis eam mancipatam,liberam, ac quietam jure hereditario deinceps in perpetuum, & defendatis eam à Paganis inimicis crucis Chrifti, fuo ac noftro adjutorio. Ita inquam do vobis & concedo eam cum terminis & montibus,terris, aquis. pratis, &c.Cet A&te eft daté de l'Ere 1196.qui répond à l'an 1158.

L'Abbé Raimond & fon compagnon Velafquez propofe rent ensuite au Roi de fonder un Ordre Militaire à Calatrava, & après avoir obtenu le confentement de ce Prince, ils communiquerent leur deffein à l'Archevêque de Tolede, qui non feulement l'approuva, mais leur donna encore une groffe fomme d'argent pour fortifier cette ville, & accorda de grandes Indulgences à ceux qui voudroient prendre les

VA.