noncé à toute proprieté, ce que n'ont pas fait ceux de faint CONGRE Chrodegand. Ce Saint ne fit pas paroître un moindre zele pour le rétablissement de l'Etat Monastique dans fon Diocese. Il bâtit deux Monafteres, l'un sous le titre de saint Pierre; qu'il dota de gros revenus, & l'autre appellé Gorze, où il fut enterré aprés fa mort qui arriva le fixiéme de Mars de l'an 766. aïant gouverné fon Eglife pendant trente-trois ans cinq mois cinq jours. Voyez Dominique de Jesus, Monarch. fainte de France tom.2. Meuriffe, Hift. des Evêq. de Mets. Sainte Marth. Gall. Chrift. tom. 3. Thomass. Discipl. Ecclef. tom. 2. part.3. liv. I. chap. 29. & part. 4. chap. 14. Baillet, Vies des Saints 6. Mars. Bolland. 6. Mart. & Fleury, Hift. Ecclef. Tom. 9. pag. 420. CHAPITRE IX. Des Chanoines Reguliers de la Congregation de saint Ruf. M Effieurs de sainte Marthe avoüent qu'il est difficile de trouver des monumens authentiques pour prouver l'antiquite de l'Abbaïe de faint Ruf, qui est le premier Monaftere & le chef de la Congregation des Chanoines, Reguliers de ce nom. Choppin est tombé dans l'erreur de ceux qui ont cru que ce Saint, qui a esté le premier Evêque d'Avignon & Difciple des Apôtres, ena esté le Fondateur. Je passe sous filence les differentes opinions que d'autres ont euës, pour ne m'arrêter qu'à celle qui m'a semblé la plus certaine. La Cathedrale d'Avignon a esté desservie pendant un long-tems par des Chanoines qui ont vêcu en commun, & qui embrasserent dans la suite la Regle de saint Augustin, qu'ils observoient encore l'an 1485. lors que le Cardinal Julien de la Rouvere Legat en France, & qui fut depuis Pape sous le nom de Jules 11. les fécularisa. Il y a de l'apparence qu'ils avoient abandonné pendant un tems cette vie commune; puisque l'an 1039. quatre d'entre eux, sçavoir Arnauld, Odilon, Ponce, & Durand, animez de l'esprit de Dieu, refolurent de les quitter pour se defendre de leur relâchement, & voulant demeurer fermes dans l'observance des faints Canons & pratiquer la vie commune dans une pauvreté volontaire, ils se retirerent dans GATION DE S. Rur DE S. RUF. CONGRE- une petite Eglise dediée en l'honneur de faint Ruf, que Be GATION noist Evêque d'Avignon leur accorda du consentement de son Chapitre avec une autre Eglise dediée à saint Just & quelques terres qui en dépendoient, comme il paroist par l'acte de cette donation, daté du premier Janvier. de la même année.. L'on confervoit dans cette Eglise de saint Ruf les sacrées reliques de ce Saint, qu'on prétend estre fils de Simeon le Cyrenéen dont parle faint Marc dans son Evangile; & l'ancienne tradition du païs est qu'après la defcente du Saint-Esprit fur les Apôtres, les Juifs irrités de la Prédication de l'Evangile, chafferent les Chrétiens, & mirent Magdelaine, sa sœur Marthe & leur frere Lazare avec plusieurs autres dont faint Ruf estoit du nombre, dans un Vaisseau fans voiles ni cordages, pour les faire perir dans la mer; mais que la providence les conduifit aux costes de Provence, où eftant débarqués, faint Lazare annonça l'Evangile à Marseille dont il fut fait Evêque, auffi bien que faint Ruf à Avignon, qui eut cette Province en partage, & qu'après sa mort il avoit esté enterré dans cette Eglise qur avoit retenu for nom. Ce sentiment n'est pas universellement reçu, au contraire il est fort combattu; mais quoiqu'il en soit, ce fut proche de cette Eglise que ces Chanoines s'étant affemblés, & fe conformant en toutes choses sur le modéle des premiers Chrétiens de Jerufalem, jetterent les premiers fondemens de cette Congregation, qui, à cause de cette Eglise de faint Ruf, en a pris le nom, pour se diftinguer des Chanoines qui estoient restés dans la Cathedrale.. La vie exemplaire qu'ils menoient, qui consistoit dans une humilité profonde, une pieté sincere, une pauvreté parfaite qu'ils accompagnoient de beaucoup d'austerités, leur attira bien-toft des compagnons qui se joignirent à eux, & cette petite demeure devint en peu de tems un grand édifice par le nombre de Religieux & de Monasteres qui se multiplierent. Il s'en forma une Congregation qui devint très-celebre, non seulement en France, mais même en Italie & en Espagne... Elle posseda plusieurs Abbaïes & Prieurés. Elle reçut plufieurs Privileges des fouverains Pontifes. Elle obtint un Office Propre & des Constitutions particulieres, avec pouvoir d'élire: un General comme il se pratique dans tous les autres Ordres & enfin le Monastere de saint Ruf fut reconnu pour Chef de CONGREtoute la Congregation. GATION DE S. RUF Il paroist par les anciennes coûtumes de cet Ordre, que la pauvreté dont ces Chanoines faifoient profession, estoit très grande aussi-bien que leur austerité, & que la difcipline qui estoit gardée dans cette Congregation, estoit très severe; car dans l'article qui regarde la reception des Novices, il est specialement recommandé de leur bien faire connoistre toutes ces chofes, & combien il estoit difficile de soustenir ces observances : Et interim pradicentur ei paupertas loci, afperitas do- Apud Ed mûs, severitas discipline, & quantus labor fit, in illius profes-tene de an fionis obfervatione, quàm gravis cafus in trangressione, &c. tiq.rit. Ece Lors qu'on leur avoit donné l'habit, celuy qui avoit soin clef. Tom. de leur conduite & de les instruire des observances, devoit sus toutes choses leur apprendre à estre humbles, en forte que le novice aux moindres mouvemens qu'il faisoit, devoit toujours donner des marques d'une grande humilité, ayant toûjours la teste baiffée, neregardant que la terre, & ayant toûjours dans l'esprit le Publicain de l'Evangile qui n'osoit lever les yeux au Ciel : & in omnibus motibus fuis fignum habere bumilitatis, caput submittere, terram afpicere, memor effe illius Publicani qui non audebat oculos fuos levare in cælum, fed percutiebat pečtus Suum dicens: Deus propitius esto mihi peccatori. Crescenze dit qu'ils fuivirent d'abord la Regle de Saint Benoist; mais il n'y en a aucune preuve, il y a plus d'apparence qu'ils suivirent exactement les decrets des Conciles de Rome qui avoient esté tenus pour la reformation des Chanoines, & qui les obligerent à la defapropriation parfaite; & qu'en fin ils se foumirent à la Regle de Saint Augustin après que le Pape Innocent II. eut ordonné dans le Concile de Latran de l'an 1139. que tous les Chanoines Reguliers s'y soumettroient : en effet par la formule de leur profession qui eft enoncée dans leurs anciennes coustumes, qui ne peuvent avoir esté écrites qu'après ce Concile, il y est fait mention de la Regle de Saint Augustin: Ego frater N. offerens trado me ipsum Deo, Ecclefia Sancti N. & promitto obedientiam fecundum Canonicam Regulam S. Augustini, &c. Ces Religieux demeurerent auprès d'Avignon jusqu'à co qu'ils furent contraints d'en fortir par la fureurdes Albigeois. Ces heretiques faisant de tems en tems des coursesfur les Ca- mund. Mar 3. pag. 99 ▼ |