GAND. 1 pas à une pauvreté absoluë ; mais il voulut que celui qui en Chanoi treroit dans la Communauté fift une donation solemnelle de SAINT tous ses biens à l'Eglise de saint Paul de Mets , permettant de CHRODES s'en reserver l'usufruit; & de disposer de ses meubles pendant sa vie ; que les Prestres auroient aussi la disposition des aumônes qui leur seroient données pour leurs Messes , pour la confession ou pour l'assistance des malades. Les Chanoines avoient la liberté de sortir le jour ; mais à l'entrée de la nuit ils devoient se rendre à faint Etienne , qui est la Cathedrale de Mets, pour chanter Complies, après lesquelles il n'estoit plus permis de boire, ni manger, ni parler ; mais on devoit garder le silence jusqu'après Prime. Ils logeoient tous dans un Cloître exactement fermé & couchoient dans des Dortoirs communs où chacun avoit son lit. L'entrée du Cloître étoit interdite aux femmes , & aucun laïc n'y pouvoit entrer sans permission. Ilsestoient obligez de se lever la nuit à deux heures pour les Nocturnes comme les Moines , suivant la Regle de saint Benoist, & mettoient entre les No&urnes & les Matines ou Laudes, un intervalle , pendant lequel il estoit défendu de dormir; mais on devoit apprendre les Pseaumes par coeur , lire, ou chanter. Après Prime ils se rendoient tous au Chapitre, on y lisoit un article de la Regle, des Homelies, ou quelqu'autre Livre'edifiant. L'Evêque y donnoit ses ordres , & y faisoit les corrections, & au sortir du Chapitre, chacun alloit au travail manuel qui lui estoit prescrit. Quant à la nourriture : depuis Pâques jusqu'à la Pentecôte, on faisoit deux repas, & on pouvoit manger de la viande excepté le Vendredi seulement. De la Pentecôte à la saint Jean on faisoit encore deux repas; mais sans manger de viande. De la faint Jean à la saint Martin deux repas & abftinence de viande le Mercredi & le Vendredi. De la saint Martin à Noël abstinence de viande,& jeûne jusqu'à None. De Noël au Carême , jeûne jusqu'à None le Lundi, le Mercredi & le Vendredi avec abstinence de viande ces deux derniers jours, les autres jours deux repas. S'il arrivoit une Feite en ces Feries , le Superieur pouvoit permettre la viande. En. Carême on jeûnoit jusqu'à Vespres , avec défense de manger. hors' du Cluître. Il y avoit sept tables au Refectoire, la pre, miere pour l'Evêque avec les hôtes & les Etrangers , l'ArTome II. I 2 N ES DE GAND, ز CHANOrchidiacre & ceux que l'Evêque y appelloic ; la seconde pour les: Prestres ; la troisiéme pour les Diacres ; la quatrieme pour les CHRODB- Soûdiacres;la cinquiéme pour les autres Clercsila fixiéme pour les Abbés & ceux que le Superieur vouloit; & la septiéme pour les Clercs de la Ville les jours de Festes. La quantité du pain n'estoit point bornée ; mais la boisson estoit reglée à trois coups pour le dîner , deux pour le souper , & trois quand il n'y avoit qu'un repas. L'on donnoit un potage & deux portions de viande à deux le matin , & le soir une seule ; & les Chanoines faisoient la cuisine tour à tour , excepté l'Archidiacre & quelqu'autres Officiers occupés plus utilement. A l'égard des vêtemens, l'on donnoit aux Anciens tous les ans une chappe neuve,& aux jeunes les vieilles ; les Prestres & les Diacres qui servoient continuellement,avoient deux Tuniques par an ou de la laine pour en faire, avec deux chemises. Pour la chaussure , tous les ans un cuir de Vache & quatre paires de pantoufles. On leur donnoit de l'argent pour acheter le bois ; & toute cette dépense du vestiaire & du chauffage fe prenoit sur les rentes que l'Eglise de Mets levoit dans la Ville & à la campagne ; mais les Clercs qui avoient des Benefices devoient s'habiller , & on appelloie encore alors des Benefices, la jouissance de certains fonds accordés par l'E vêque. Cap. Aquif Cette Regle fut reçuë dans plusieurs Eglises ; & lorsque 789. can. l'Empereur Charlemagne eut commencé de contraindre tous 72. 673. les Chanoines à vivre en commun, il leur proposa de vivre ann. 813. felon la Regle de saint Chrodegand. Le Concile de Maïence Thomas. leur ordonna la même chose; car lorsque ce Concile & Chara difc. Ecclef lemagne leur prescrivent l'observance de la Regle des Clercs, I chap.29. le Pere Thomassin est de sentiment que c'est de la Regle de faint Chrodegand dont ils veulent parler ; puisqu'un des Canons du Concile de Maience renferme un chapitre entier de cette Regle. Le relâchement des tems posterieurs a encore aboli la pratique de cette vie commune parmi les Chanoines , presque dans toutes les Cathedrales & Collegiales ; & le Chapitre même de Mets pour lequel saint Chrodegand avoit dressé principalement la Regle , l'a quittée pour le seculariser. La difference qu'il y avoit entre les Disciples de saint Augustin.&. ceux de saint Chrodegand, c'est que les premiers ayoient re ز gran. ann. GATION noncé à toute proprieté, ce que n'ont pas fait ceux de saint CONGREChrodegand. DE S. Ruz: Ce Saint ne fit pas paroître un moindre zele pour le rétablissement de l'Etat Monastique dans son Diocese. Il bâtit deux Monasteres, l'un sous le titre de saint Pierre ; qu'il dota de gros revenus,& l'autre appellé Gorze,où il fut enterré aprés la mort qui arriva le sixiéme de Mars de l'an 766. aïant gouverné fon Eglise pendant trente-trois ans cinq mois cinq jours. Voyez Dominique de Jesus, Monarch. sainte de France tom.2. Meurisse , Hift. des Evêg. de Mets. Sainte Marth. Gall. Chrift. tom. 3. Thomass. Discipl. Ecclef. tom. 2. part.3. liv. I. chap. 29. part. 4. chap. 14. Baillet , Vies des Saints 6, Mars. Bolland. 6. Mart. & Fleury, Hift. Ecclef. Tom. 9. pag. 420. CH A P IT RE IX. Essieurs de sainte Marthe avoüent qu'il est difficile de crouver des monumens authentiques pour prouver lantiyuite de l'Abbaïe de saint Ruf, qui est le premier Monastere & le chef de la Congregation des Chanoines, Reguliers de ce nom. Choppin est tombé dans l'erreur de ceux qui on: cru que ce Saint, quia esté le premier Evêque d'Avignon & Disciple des Apôtres , ena estě le Fondateur. Je pafle sous silence les differentes opinions que d'autres ont euës, pour ne m'arrêter qu'à celle qui m'a semblé la plus certaine. La Cathedrale d'Avignon a esté desservie pendant un long-tems par des Chanoines qui ont vécu en commun , & qui embrafferent dans la suite la Regle de faint Augustin, qu'ils observoient encore l'an 1485. lors que le Cardinal Julien de la Rouvere Legat en France, & qui fut depuis Pape sous le nom de Jules 11. les fécularisa. Il y a de l'apparence qu'ils avoient abandonné pendant un tems cette vie commune ; puisque lan 1039. quatre d'entre eux , sçavoir Arnauld , Odilon, Ponce, & Durand, animez de l'esprit de Dieu, resolurent de les quitter pour se defendre de leur relâchement, & voulant demeurer fermes dans l'observance des saints Canons & pratiquer la vie commune dans une pauvreté volontaire, ils se retirerent dans |