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cile de Rome où prefidoit le Pape Nicolas II. l'an 1060. ce qui ORIGINE n'avoit jamais efté, permis à aucunes Religieufes depuis le NOINESSES tems des Apoftres jufqu'à Louis le Debonnaire qui avoit fait REGULIE affembler ce Concile d'Aix la Chapelle.

RES.

Mabill.

ned Tom.2.

Le Concile de Rome reconnoift que jufqu'à cette année Annal. Be 1060. l'Institut de ces fortes de Chanoineffes n'avoit efté reçu pag. 430. dans aucun endroit de l'Afie, de l'Afrique & de l'Europe s Ibid. finon dans un petit coin de l'Allemagne, & dit qu'il eftoit certain qu'avant cet Empereur, toutes les Religieufes, en quelqu'endroit qu'elles fuffent, n'avoient point eu d'autre Regle que celle de faint Benoift. Il y a eu toûjours cepen dant des Religieufes en Afie qui ont fuivi la Regle de faint Bafile. Il y en avoit mefme en Occident du tems de ce Con cile, il y en a eu auffi qui ont fuivi d'autres Regles; mais il eft vrai que les Monafteres qui faifoient profeffion de la Rẹgle de faint Benoift eftoient en plus grand nombre, & apparemment que le Concile prit la plus grande partie des Monafteres pour le tout; parce qu'en effet dans quelques Provinces d'Italie, il n'y avoit que des Religieufes Benedictines, & le Concile qui s'eftoit tenu à Pavie l'an 855. fous l'Empereur Louis fils de Lothaire, n'admit que deux Regles, l'une de faint Benoist pour les Moines & Moineffes, & l'autre des Canons pour les Chanoines, & ne parla point des Chanoineffes, quoiqu'il y en euft pour lors.

-Penot pretend faire remonter l'antiquité de ces Chanoinef
fes jufqu'au tems de la primitive Eglise, auffi-bien que celle
des Chanoines Reguliers, & dit: que dès ce tems-là, ou au
moins du tems de faint Auguftin, les uns & les autres eftoient
diftingués des Moinès par leurs habits blancs) & apporte pour
garent de ce qu'il avance la Regle de ce Saint, qui ordonne à
fes Religieufes de faire laver leurs habits par des Foulons, ou
de les laver elles-mefmes. Mais cette preuve n'eft pas con-
vaincantescar outre que l'on porte aux Foulons toutes fortes
de draps,de quelque couleur qu'ils foient, pour les laver & les
rendre plus fermes & plus unis & que nous voïons encore
aujourd'huy desChan.Reg.& des Chanoinesses Reg.habillées
de differentes couleurs ; c'eft que les Actes du mefme Concile
d'Aix la Chapelle de l'an 816. marquent precifément que les Can. 1
habits des Chanoineffes eftoient noirs. Les Benedictines des
Abbaïes de faint Pierre de Rheims, de Montmartre près

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ORIGINE Paris, de Xaintes, de la Trinité de Caën,& quelques autres, NOINESSES, auroient pû à plus jufte titre fe qualifier, Chanoinesses, fi on REGULIE avoit égard à la couleur & à la forme des habits; car elles ont porté des habits blancs avec des furplis jufqu'à ce qu'elles aïent efté reformées vers le commencement du dernier fiécle. Celles de Rheims affiftoient mefme aux Proceffions avec les Chanoines de la Cathedrale, les Chanoines formant un rang & les Religieufes un autre, & fans rapporter un grand nombre de Religieufes Benedictines qui ont porté des habits blancs, & mefme des habits noirs avec des furplis. Il y a encore l'Ordre de Font-Evraud, où les Religieufes font habil lées de blanc avec des furplis ou des rochets, & dans les Congregations du Mont-Olivet, du Mont-Vierge, & des Camaldules, quoi qu'auffi fous la Regle de faint Benoift,les Religieux font néanmoins habillés de blanc.

Il paroit donc par ce que nous avons dit, qu'on ne doit mettre l'eftabliffement des Chanoineffes qu'à la fin du huitiéme fiécle, ou au commencement du neuviéme, & quoique les Chanoines aïent pris le nom de Reguliers & la qualité d'enfans de faint Auguftin vers la fin du onzième fiécle, lorfqu'on les eut oblige à la defappropriation, il paroift néanmoins que ce n'eft que vers le milieu du douziéme fiécle que les Chanoineffes furent foumises à la Regle de ce S. Docteur de l'Eglife, puifque le deuxième Concile de Latran tenu fous le Pape Innocent II. Fan 1139. défend aux Religieufes de Can. 16. demeurer dans des maifons feparées, fous pretexte d'hofpitalité, comme eftant contraire aux Regles de faint Bafile, de faint Benoift & de faint Auguftin,& le Concile deRheims fous le Pape Eugene II. l'an 1148. oblige les Chanoineffes qui vivent fous la Regle de faint Auguftin de renoncer à toute proprieté. C'eft à l'occafion de ces deux Conciles que le P.Thomaflin dit,qu'il fe peut faire que c'eftoient les mefmes Chanoineffes du Concile d'Aix la Chapelle, dont les dereglemens fcandaleux obligerent enfin les Papes & les Conciles de leur prescrire une reformation qui en fift des Chanoineffes Regulieres, & les obligeât à la defappropriation.

Comme dans le mefme tems il fe forma des Congregations de Chanoines Reguliers, qui pour se maintenir dans l'observance, drefferent des Reglemens & dés Conftitutions ; il y a de l'apparence que quelques Chanoineffes fe foumirent à leur

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direction,& embrafferent les mêmes Reglemens. LesChanoines ORIGINE de la Congregation de Latran s'eftoient impofé une loi de ne NOINESSES se point ingerer dans le gouvernement des Religieufes, & de REGULIEn'en point prendre la conduite; ils ne purent néanmoins refifter aux follicitations des Souverains Pontifes & des Seigneurs qui fonderent des Monafteres de Chanoineffes. Il y en a environ trente qui font foumis à des Abbés de cetteCongregation,dont la plufpart font confiderables. Dans celui de fainte Marie de l'Etoile à Spolette, il y a ordinairement cent Religieufes. Le corps de la B. Marine s'eft confervé fans corruption dans le Monaftere de faint Matthieu de la mefme ville. Le corps de la Bienheureuse Euphrofine eft en veneration à Vicenze dans un Monaftere de Chanoineffes. La Mere Baptifte Venace Religieufe Profeffe de celui de fainte Marie des Graces, a donné au public plufieurs ouvrages de pieté qui font renfermés en quatre volumes imprimés à Venife & à Verone. Il y avoit autrefois un plus grand nombre de ces Monafteres qui dépendoient de cette Congregation, & que les Chanoines Reguliers ont abandonnés, comme celui du S. Efprit à Rome qui eft maintenant fous la protection des Rois de France. Il eftoit foumis à l'Abbé de Noftre-Dame de la Paix de la mefme ville, qui en remit la direction au Cardinal Vicaire l'an 1606. Ces Chanoineffes de Latran font habillées de ferge blanche avec un rochet de toile par deffus leur robe, & elles mettent encore un furplis par deffus le rochet, quand elles affiftent au Choeur. La Congregation de Windefeim en Flandres a auffi plufieurs Monaiteres de Chanoineffes qui font habillées de mefme. Il y en a auffi en France qui ne font d'aucune Congregation, comme celles de faint Eftienne de Rheims, de Notre-Dame de la Victoire à Picpus prés Paris, de famte Perine de la Vilette, & en plufieurs autres lieux, qui ont le mefme habillement que celui des Chanoineffes de Latran, auffi-bien que celles d'Efpagne, & s'il y a quelque difference,ce n'eft que dans les manches de la robe & du rochet, qui font ou plus larges ou plus eftroites, & la pluspart de ces Chanoineffes portent auffi dans les Ceremonies & au Choeur pendant l'Hyver, un grand manteau noir. En Languedoc & en Guienne, il y a des Chanoineffes qui font habillées de noir avec une bande ou banderole de toile blanche large de quatre doigts qu'elles mettent en écharpe, ou ban

ORIGINE doüilliere, ce qui leur fert auffi d'habillement de Chœur ; NOINESSES mais il y en a quelques-unes qui mettent encore des furplis REGULIE- par deffus lorfqu'elles y vont. Enfin il y en a beaucoup d'au

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tres qui ont des habillemens differens, nous parlerons d'elles en traitant des Congregations aufquelles elles font foumises ou aufquelles elles ont quelque rapport.

On n'eft pas furpris de voir ces Chanoineffes en rochet & en furplis, & mefme avec une bande ou banderole de toile; puifque, comme nous avons dit, en parlant des Chanoines Reguliers, ces rochets, furplis & bandes, estoient dans leur origine, & avant qu'on les euft accourcis & étraicis, une aube qui eftoit commune à toutes fortes de perfonnes de l'un & dé l'autre fexe, mefme aux Laïques; mais on eft furpris de voir que quelques Chanoineffes aïent pris des aumuces, puisqu'il n'y avoit autrefois que les hommes qui s'en fervoient pour couvrir leurs testes, & que les Religieufes ont eu toûjours des voiles pour cet ufage. A la verité ces fortes de Chanoi neffes avec des aumuces font rares. Les Religieufes Premontrées en portent en quelques Provinces, & on ne trouve que les Chanoineffes de Chaillot prés Paris (parmi celles qui fe di fent purement & fimplement Chanoineffes,) qui les aïent imi tées, à la difference que les aumuces des Religieufes Premon trées font blanches, & que celles des Chanoineffes de Chail lot font noires, mouchetées de blanc. Elles s'eftablirent d'abord à Nanterre en 1647. Ce furent des Religieufes de faint Eftienne de Rheims, d'où font auffi forties celles de Picpus,qui firent cet establissement ; mais les guerres civiles eftant furvenuës peu de tems après, cette Communauté naiffante fut obligée de s'approcher plus près de Paris, & vint demeurer à Chaillot, qui eft regardé comme un des fauxbourgs de cette grande ville, & qu'on appelle en effet le fauxbourg de la Conference.

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