DES publiques & des aumosnes à cause de la secheresse & de la fa- ORIGINE mine de cette année 779. Chaque Evesque devoit chanter NOINESSES trois Messes & trois Pseautiers, pour le Roi, pour l'armée REGULIEde France, & pour la calamité publique; les Prestres trois Messes, les Moines, les Moinesses, & les Chanoines trois Pseautiers; & tous devoient jeûner trois jours de suite. Chaque Evefque, Abbé ou Abbesse, devoit aussi nourrir jufqu'au tems de la moisson quatre pauvres, ou au moins trois, deux, ou un, selon ses facultez ; & dans ce Capitulaire il n'est fait aucune inention des Chanoinesses, parce qu'il n'y en avoit point dans ce tems-là. Ce n'est qu'à la fin du mesme siécle que l'on commence à découvrir quelques vestiges de Chanoinesses ; car dans le Canon 47. du Concile de Francfort tenu sous le Regne de Charlemagne l'an 794. il est porté qu'à l'égard des Abbesses qui ne vivroient pas Canoniquement ou Regulierement, on en donneroit avis au Roi, afin qu'elles fussent déposées. On trouve encore quelque trace de Chanoinesses au commencement du neuvième siècle. Le mesme Empereur aïant convoqué une assemblée de tous les Ordres à Aix la Chapelle l'an 802. les Evesques & les Abbés s'y trouverent, & on les separa en deux bandes, chacune dans un lieu different. Les Evesques examinerent en particulier si les Clercs vivoient selon les Canons, & afin de les ramener à leur devoir ils firent lire les Decrets des Souverains Pontifes. Les Abbés de leur costé se proposerent la Regle de saint Benoist pour modelle, & examinerent s'il y avoit des Abbés qui s'en efloignaffent & vécussent en Chanoines, & fi dans les Monasteres où on avoit promis de la garder, elle estoit observée; car il y avoit déja des Monafteres qui avoient secoué le joug de cette fainte Regle, & où l'on ne connoissoit plus ni cette Regle ni mesme les Canons. Enfin on examina aussi si dans les Monasteres de filles, on y observoit la Regle de saint Benoist, ou si on y vi voit canoniquement; c'est-à-dire, à la maniere des Chanoines, dont la pluspart, comme nous venons de dire, avoient quitté la Regle de saint Benoist, qui n'avoient que le nom de Chanoines, & qui apparemment avoient esté imités par des Religieufes, qui de Benedictines estoient devenuës tout d'un coup Chanoinesses, sans sçavoir à quoi elles estoient enga gées, ni quelles estoient leurs obfervances. C'est pourquoi le Tome II. H DES CHA RFS. ORIGINE Concile de Châlons sur Saone l'an 813. se crut obligé de NOINESSES prescrire des Reglemens à ces Filles qui se disoient ChanoiREGULIE- nesses: iis Sanctimonialibus que se Canonicas vocant, ce qui fait voir que le Concile, en se servant de ces termes; regardoit cet Institut comme une nouveauté; qui ne s'estoit pas introduit dans les formes, & que ces Filles prenoient le nom de Chanoinesses sans un pouvoir legitime. Ces Reglemens regardent principalement la clôture, le filence, la recitation de l'Office Divin, & la regularité des Abbesses; mais il n'ordonna rien pour les autres Religieuses, parce qu'elles trouvoient dans la Regle de faint Benoist toutes les pratiques saintes de la vie Monaftique. Ce Concile avoit esté encore affemblé par les ordres de Charlemagne, qui dans le mesime tems en fit tenir quatre autres, à Mayence, à Rheims, à Tours & à Arles, mais il n'y a que celui de Mayence où il soit auffi parlé de Chanoinesses; car dans le Canon 13. il ordonne que les Religieuses qui faifoient profession de la Regle de faint Benoist vivroient regulierement, & que celles qui n'en faifoient pas profession vivroient canoniquement: Que vero profeffio nem fancte Regula Benedicti fecerunt, regulariter vivants fin autem, Canonice vivant pleniter.. Ce n'estoit pas les Chanoines qui pouvoient les inftruire de leurs obligations, eux qui n'avoient que le nom de Chanoines, & ne connoiffoient nullement les Canonss c'est pourquoi l'Empereur Loüis le Debonnaire aïant fait assembler le Concile d'Aix la Chapelle l'an 816. il y fit dresser par le Diacre Amalarius des Regles pources Chanoines & Chanoinesses, afin de les ramener à une vie reglée. On ne les connoissoit point pour enfans de faint Augustin, car dans l'une & l'autre de ces Regles, on n'y fait point mention de ce faint Docteur, au contraire celle des Chanoinesses est tirée des Escrits de S. Jerôme, de saint Cyprien, de faint Athanase, & de faint. Cefaire, & il n'y est point parlé de la Regle que faint Augustin avoit donnée aux Religieuses d'Hippone, & qu'on ne proposa point aux Chanoinesses. Comme par celle que leur prescrivit ce Concile d'Aix la Chapelle on leur permettoit de garder leur bien, à la charge de passer procuration par Acte public à un parent ou à un ami, pour l'adminiftrer & défendre leurs droits en Justice, & qu'on leur permettoit auffi d'avoir des servantes, cet abus fut condamné dans le Con |