NES DE LA Evesques remonte jusqu'au cinquiéme siécle. Il y a de l'appa. CHANOL. rence que le Clergé ou Chapitre de cette Eglise fut d'abord CATHEDRA comme celui de toutes les autres Eglifes Epifcopales de France, LE D'USEz où les Chanoines pratiquoient la Vie Commune selon les Regles des Canons. Depuis il devint Regulier & fuivit la Regle de faint Augustin, lorsque la pluspart des Chanoines qui vivoient en commun prirent le nom de Reguliers, & fe glorifierent d'avoir eu faint Augustin pour Pere. Les Eglifes Epifcopales de Languedoc & de Provence, qui firent la mesme chose formerent avec celle d'Usez une espece de Congregation. Elle avoit des Statuts communs. On y tenoit des Chapitres Generaux, & on y élisoit des Visiteurs; mais l'on ne peut dire le tems que cette Congregation fut detruite, & que toutes ces Eglifes furent fecularisées. Il n'y a eu que celles d'Usez & de Pamiers qui jusqu'à present ont esté Regulieres, & les defordres des guerres, joints à l'herefie qui a dominé fi longtems en ce Pais aïant fait souvent abandonner aux Chanoines les Obfervances Regulieres, elles ont eu besoin de tems en tems de reforme. Nicolas Grillet Evesque d'Usez fit venir l'an 1640. les Chanoines Reguliers de la Congregation de France pour renouveller dans son Eglise le premier Esprit de l'Ordre Canonique. Ils y ont demeuré pendant quelques années, & vivoient felon les Obfervances de la Congregation de France, dependant du General de cette Congregation, qui y envoïoit des Religieux & les rappelloit lorsqu'il le jugeoit à propos; mais le Concordat qui avoit esté passé entre l'Evefque d'Ufez & les Chanoines Reguliers de la Congregation de France, a esté cassé il y a environ quarante ans, par un Arrest contradictoire du Conseil d'Etat du Roi, qui a remis cette Eglise dans l'estat où elle est aujourd'hui. M. Michel Poncet de la Riviere, qui est presentement Evesque d'Usez, donna des Conftitutions particulieres à ses Chanoines; mais il n'a pu les obliger. à vivre en commun, ce que pratiquent ceux de Pamiers. L'habillement des Chanoines d'Ufez confiste en une foutane blanche avec un rabat comme les Ecclesiastiques, & l'ors qu'ils fortent ils ont un manteau noir. Ceux de Pamiers font habillés de noir, & ont une banderole de lin qu'ils portent en efcharpe, & les uns & les autres ont au Chœur un furplis, avec une aumuce grise sur le bras. Anciennement ceux d'Usez portoient un surplis tout fermé sans manches à la maniere des CHANOI- anciennes chasubles, & qui estoit commun aux Chanoines de NES DECLOS-saint Laon de Touars, & ils avoient fur l'épaule une espece de TERNEU BURG. chaperon noir. Le P. Du Moulinet, entre les differens habillemens de Chanoines Reguliers qu'il a donnés, a mis celui d'un Chanoine Regulier de Closterneuburg en Allemagne, qui a aussi un furplis à la maniere des anciennes chasubles, & une aumuce fur la teste, mais quarrée par le haut,comme on peut voir dans la figure d'un de ces Chanoines que nous avons fait graver. Le Monastere de Closterneuburg fut fondé a huit lieuës de Vienne en Autriche, & basti avec beaucoup de magnificence en l'honneur de la sainte Vierge, par Leopol Marquis d'Autriche, qui y mit des Chanoines Reguliers du tems d' Innocent II. environ l'an 1140. ordinairement ils portent la chape à l'Eglise, mais aux jours des grandes Festes ils la quittent & metfur la teste une aumuce grife pour se conformer à la Ca thedrale. Cette façon de quitter la chape aux jours des grandes Festes, n'est pas nouvelle (felon ce que dit le P. du Moulinet ) puifque dans l'Ordre Romain, qu'on tient avoir esté fait il y a plus de huit cens ans, il y est dit, parlant du service qui se fait par l'Evesque aux jours Solemnels, & de la maniere que les Chanoines y doivent assister, que ceux-ci viendront au Chœur à l'heure de Tierce revêtus d'aubes & d'aumuces: Cum tintinnabulum ad Tertiam fonuerit, amnes fimul in chorum ordinatim convenire debent, humeralibus & albis induti ; le P. Du Moulinet pretendant que par le mot d'humeralia l'on entend l'aumuce ou camail, à cause qu'il couvroit non seulement la teste, mais aussi les épaules. Il ajoute que la raison qu'on peut donner pour laquelle les Chanoines ostent leurs chapes aux jours des grandes Festes, c'est que la chape noire estant un habit de deüil & de penitence, il est convenable qu'ils la quittent aux jours que l'Eglise destine aux folemnitez & aux rejouissances. Voïez Du Moulinet, figures des differens habits des Chanoines Regul. Sammarth, Gall. Chriftiana. Schoonebek, Hift. des Ordres Relig. & Philipp. Bonanni, Catalog. omn. Ord. Relig. CHAPITRE : CHAPITRE LXI. Des Chanoines Reguliers de la Reforme de Chancellade en D 1 Es le commencement du douziéme siécle, quelques faints Ecclefiaftiques s'estant retirés dans une Solitude a une lieuë de Perigueux auprès d'une fontaine appellée Chancellade, fons Cancellatus, à cause qu'elle estoit entourrée de treillis de fer, ils y menerent une vie Eremitique sous la conduite de Foucaud Abbé de Celle-Frouin de l'Ordre de faint Augustin, & y bastirent un petit Oratoire qu'ils dedierent à la sainte Vierge. Cet Oratoire & le Cimetiere furent benis par Guillaume de Blanche-Roche Evefque de Perigueux qui aïant cedé à ces Ermites l'Eglise de Born, & un autre lieu appellé Bord; les obligea de prendre la Regle desaint Auguftin & leur donna pour premier Abbé Geraud. Pour lorsils jet'terent l'an 1128. les fondemens d'une belle Eglife, & de tous les lieux Reguliers de cette Abbaïe qui fut appellée NôtreDame de Chancellade, & l'an 1133. ils firent profession de la Regle de faint Augustin, & prirent l'habit de Chanoines Reguliers. Il y en avoit ordinairement vingt-deux, mais Tallerand de Perigord Evesque d'Auxerre, Cardinal, Legat en France & qui avoit esté Abbé de Chancellade, ordonna par fon Teftament de l'an 1364. que ce nombre seroit augmenté jusqu'à foixante, leguant à chacun des trente-huit qu'il fondoit cent florins d'or de rente, & les faisant en outre Legataires Universels du reste de ses meubles, ses Legs testamentaires acquités. Dans le quinziéme fiécle cette Abbaïe fut ruinée par les Calvinistes qui reduifirent en cendres tous les lieux Reguliers à la reserve des infirmeries; & aïant porté leurs mains facrileges jusques sur les choses les plus sacrées, ils abatirent aussi l'Eglife dont il ne resta aucun vestige. Les revenus avoient déja esté alienés ou ufurpés par la negligence de ceux qui de Tome II. Eee CHANOI- |