RES Mais l'amour de la retraite & de la solitude & le desir qu'il Trinitat- . avoit de vivre inconnu , le firene retourner en France, où CHAUSSEZ après estre arrivé, & affoibli par les fatigues qu'il avoit elluïées DE BRANCH en chemin,il fut fensiblement touché d'aprendre la mort de ses Freres d'Aix, qui estoient tous morts de peste à la reserve d'un Frere Convers. Mais ce qui le confola dans cette affliction fut d'apprendre que ces Religieux, qu'il regardoit comme les principaux foutiens & les appuis de fa Reforme, estoient morts dans les exercices de la charité en secourant leur prochain. Il fit venir de nouveaux Religieux de Rome & de ChateauBriant pour demeurer dans le Couvent d'Aix ; & en aïant esté élu Ministre, il y reçut des Novices ausquels il communiqua fi fort son esprit pour le soutien de cette Reforme, que les vertus qu'ils ont pratiquées depuis, n'ont pas esté d'un petit secours pour la defendre contre les attaques que l'on lui donna dans la suite pour la détruire. Car comme elle commençoit alors à faire quelques progrès, on fit de nouveaux efforts pour les empescher, & melme on fe fervit de toutes sortes de moïens pour la détruire entierement. Mais l'odeur des vertus de ces Religieux Dechaussez fe repandant de toutes parts, & les Cours de Rome & de France aïant esté convaincuës de leur vie austere & édifiante, on imposa encore silence au General de l'Ordre & aux Religieux des deux Provinces auparavant Reformées qui avoient resolu de détruire les Dechaussez. Après que le Pere Jerofme eut remis sur pied le Couvent d'Aix, & introduit sa Reforme dans celui d'Avignon , ( que l'on fut néanmoins obligé d'abandonner dans la suite aullibien que celui de Chasteau-Briant , ) il fut élu derechef Ministre du Couvent de saint Denis à Rome, où continuant à pratiquer beaucoup d'austeritez & de mortifications , & à animer ses Freres dans l'Observance Reguliere par son exemple, il mourut le trente Janvier 1637. & fut enterré dans ce Monastere. Son tombeau aïant elté ouvert quelque tems après du consentement du Cardinal Vicaire, à la follicitation d'une personne de confideration à laquelle il avoit predit la mort d'un de ses fils , son corps fut trouvé encore tout entier, & rendit mesme du sang par Après la mort ses Religieux animés de son zele étendirent cette Reforme & fonderent plusieurs Couvens tant en France le nez. RES Trinital- qu'en Italie. Ils en ont abandonné quelques-uns par la diffi- vence, de Seyne, du Mont de saint Quiris près de Brignole, de Luc, & de Mar- Ces Trinitaires Dechaussez sont gouvernés par un Vicaire , que celui des François est blanc, aussi-bien que le reste de RELIGIEUSES TRINI. TAIRES. CHAPITRE XLIX. tant de l'ancienne Observance que Dechauffées. Serie Aint Jean de Matha sçachant qu'il y avoit un grand nom bire de Chrétiens en Elpagne; que les Maures tenoient dans la captivité, resolut d'y aller pour establir fon Ordre, comme , nous avons dit dans le Chapitre xlv. il partit pour cet effet l'an 1201. muni de Lettres de recommandation que le Pape Innocent III. lui avoit données pour les Princes qui regnoient en ces quartiers. En effet il fut reçu favorablement d'Alfonse IX. en Castille , de Pierre II. en Aragon, "& de Sanche V. en Navarre. Non seulement ces Princes contribuerent euxmesmes à la Fondation de plusieurs Monasteres dans leurs Etats ; mais plufieurs Seigneurs suivirent aussi leurs exemples. Pierre 11. Roi d'Aragon estoit à Barcelone, lorsque Jean de Matha le fitt trouver. Il lui fit bâtir un Couvent à Aytone au Diocese de Lerida; que Pierre de Belluys de l'illustre famille de Moncada doca de gros revenus. Ce saint Fondateur prefchant en ces quartiers , les Prédications firent un tel effet fur l'esprit des Peuples, que plusieurs personnes ne fe contentant pas de contribuer par leurs aumônes au rachat des Captifs, offrirent encore leurs propres personnes en embrassant cet Institut: - Quelques saintes femmes vorant qu'elles ne pouvoient pas aller elles-mefmes racheter les Captifs & suivre ces saints Religieux, demanderént d'eftre associées à eux afin de les seconder dans leurs pieux desseins', au moins par leurs prieres. Elles prirent l'habit de l'Ordre que ce saint Fondateur leur donna lui-melme , & elles fe retirerent dans un Monastere que ce faint homme leur fit bâtir dans un Ermitage auprès d'Aytone dans une tour appellée Avingavia , que Pierre de Belluys leur donna l'an 1201. Elles ne s'engagerent pas d'abord à cet Etat par Veeu, ce n'estoit proprement qu'une assemblée de pieufes femmes, qu'on pouvoit appeller Oblates, ou selon l'usage d'Espagne, des Beates , comme il y en a dans plusieurs Ordres ; mais l'an'1236. ce Monastere fue rempli de veritables Religieuses |