DIEU DE mit deux cens Religieuses. Il avoit eu dessein de les establir FILLESau lieu où l'on a bâti depuis le celebre College de Sorbonne; PARIS. mais par l'avis de fon Conseil, il les mit hors de la Ville entre faint Lazare & faint Laurent, & leur assigna quatre cens livres parisis tous les ans pour leur entretien, à prendre sur son Trefor. Environ cinquante-ans après leur establissement, l'Evesque de Paris, qui avoit toute jurifdiction fur ces Religieuses, voïant que la pluspart estoient mortes de peste, & que la cherté des vivres & de toutes autres choses estoit augmentée de la moitié, reduifit ce grand nombre de Religieuses à soixante, sans diminuer leur rente de quatre cens livres parifis; mais les Tresoriers des Rois Philippes & Jean de Valois ne voulurent plus paier que la moitié de cette somme, ce qui dura jusqu'en l'an 1350. que le Roi Jean aïant compassion de la misere de ces Religieuses, leur accorda cette somme entiere de quatre cens livres parisis pour cent Religieuses. Ce Monastere aïant esté démoli de peur qu'il ne servist de retraite aux Anglois qui estoient entrés en France, elles furent transferées dans la ruë faint Denis, dans un Hospital, qui avoit esté fondé pour loger pendant une nuit les pauvres femmes mandiantes, ausquelles on donnoit le matin, lorsqu'elles s'en alloient, un pain & un denier. Les Filles-Dieu eurent soin de cet Hospital jusqu'en l'an 1495. que les Religieuses de l'Ordre de Font-Evraud furent introduites dans leur Monastere & Hospital, en aïant obtenu le don du Roi Charles VIII. dès l'an 1483. attendu que ce grand nombre de Fil les-Dieu estoit reduit à quatre seulement qui vivoient dans un grand relaschement, & les Religieuses de Font-Evraud ont toujours retenu dans ce Monaftere jusqu'à present le nom de Filles-Dieu. DIEU DE Voiez du Breüil & Malingre, Antiquités de Paris. Les Filles-Dieu de Roüen ont encore reçu de grands bien- B faits du Roi saint Loüis & de la Reine Blanche sa mere. Le ROLLEN. Pere du Moulinet a donné la representation d'une de ces Religieuses telle que nous la donnons aussi. Il dit qu'elles ont toujours suivi la Regle de saint Augustin, qu'elles estoient autrefois habillées de blanc, & que ce n'est qu'à la sollicitation de quelques eligieux de l'Ordre de faint Benoist, qui ont eu la direction de leur Monaftere, qu'elles ont pris le noir; mais qu'elles ont retenu le manteau doublé d'hermine, qui appar Tome II. Pp FILLESDIEU DE ROLLEN. Auguft. Serm 396. de vit. moribus Cleric. tient, ajoute-t-il, à l'Ordre Canonique. Cependant il y a plusieurs Religieuses Benedictines qui portent des fourrures d'hermine & de petit gris, comme à Bourbourg, Messine, Estrun, Avenes, & en d'autres Monafteres de Flandres, & qui ne prétendent point estre Chanoinesses Regulieres. Pour moi je croi que l'Ermine, le petit gris & les autres fourrures précieuses qui n'estoient permises qu'aux Princes & aux grands Seigneurs, n'appartiennent pas plus à l'Ordre Canonique qu'à celui de saint Benoift, & qu'elles ne conviennent nullement à la fimplicité & à la pauvreté qui doivent paroistre dans un habit Religieux. Si quelques Fondateurs d'Ordres ont ordonné des fourrures, elles n'estoient que de peaux de moutons ou d'agneaux, qui estoient anciennement l'habillement des Païfans, dont ceux d'Italie se servent encore à present, sous le nom de pelisses, comme nous avons remarqué en un autre lieu. Saint Augustin n'auroit pas fans doute porté de ces hermines & fourrures precieuses, puisque se recommandant avec ses Ecclesiastiques aux charités des Fidelles, il les exhorte de ne lui point donner d'habit qui ne convienne à Augustin; c'est-à-dire à un homme pauvre, & né de Parens pauvres. Si vous voulez avoir, leur dit-il, la fatisfaction que je porte un habit de vôtre part, donnez-m'en un qui ne me fasse pas de honte; car j'avoüe que j'ai honte de porter un habit précieux, parce qu'il ne convient pas à ma Profession, à mes paroles, & à mes cheveux blancs. C'estoit sans doute des Chanoines Reguliers que Hugues de Hazardis Evesque de Toul vouloit parler, lorsque dans le Synode qu'il tint l'an 1515. il se recria fort contre les fourrures précieuses que portoient certains Religieux,& prévit bien dès lors que ses paroles & fes remontrances seroient inutiles. Comme les Statuts faits en ceSynode ont esté imprimés en Latin & en François, nous rapporterons en François l'endroit du Statut où il en est parlé, & qui en fera connoître d'avantage l'antiquité.CePrelat, après avoir parlé du relaschement dans lequel eftoient tom bés les Religieux de fon Diocese, & en avoir fait le détail,ajouDe Legul. te: Si nous considerons le filence, les viandes, les vestemens, les &cor.Stat. lits, les fouliers, les chaperons, les frots leurs autres habillemens, comme fourrures, doublures, pellisses précieuses, & telles chofes, dès maintenant nous ne sçaurions dire que se foient Religieux ; mais plus lâchiez & plus élargis que Seculiers. Sçachent donc de Dom. Relig. ques tous Religieux à nous subjets que se dorennavant telles er- FILLES DIEN reurs & tels defaux en leur Regle du moins notables & Scandaleux, DE ROUEN. font declarés & manifestés envers nous, nous procederons griesvement à l'encontre d'eux & contre leurs Superieurs, se ils veulent en diffimulant avec scandale soufrir telles fautes. En outre pour expedier cette matiere, (car nous croions que pour nos paroles ou remontrances, il ne s'en fera ne plus ni moins) nous commandons à tous Abbés, Abbesses, Prieurs ou Prieures, & aux autres Officiers & Administrateurs ou Obedianciers,quels qu'ils soient, que à leurs Subjets & Compagnons à chacun selon fon degré,ils administrent leurs necejjités tant en vivre comme en vestir &c. Voiez pour les Filles Dieu de Rouen, le P. du Moulinet,fig. des hab. des Chan. Regul. D'ORLIANS, L'on a aussi donné le nom de Filles-Dieu aux Hospitalieres FILLES DIE de l'Hostel ou Maison-Dieu d'Orleans. Cet Hôpital estoit autrefois l'infirmerie des Chanoines de la Cathedrale au tems qu'ils estoient Chanoines Reguliers; mais aïant esté secularisés, i's laissferent cette Infirmerie pour les pauvres malades de la ville. Ls dons & les fondations qu'on y a faites dans la suite, l'ont rendu confiderable, & il a pris le nom de Maison-Dieu. Ces Chanoines ont néanmoins retenu une espece de Superiorité sur cet Hôpital. Il y en a toûjours deux ou trois qui font Administrateurs. Le Chapitre nomme la Superieure des Religieuses qui est perpetuelle. Il reçoit aussi les filles qui se presentent pour estre Religieuses, & on les conduit pour cet effet au Chapitre de ces Chanoines dans le tems de leur prise d'habit ou de leur Profeffion. Ces Hofpitalieres ont pour habillement une robe blanche avec un rochet de toile pardessus, & une ceinture de laine. Lorsqu'elles font à l'Eglise ou qu'elles fortent, elles ont un manteau noir de drap ou de ferge, aïant au costé droit une Croix dans un Croissant faite de foïe blanche & rouge; & quand elles ont ce manteau, elles mettent pardessus leur voile ordinaire, qui est noir & doublé d'une toile blanche, un autre grand voile d'etamine qui defcend par derriere jusqu'à la ceinture & qui leur couvre le visage pardevant. Outre ce manteau, les jours de Pâques, de la Pentecofte, de l'Assomption, de faint Augustin, de la Toussaints, & de Noel, elles ont au lieu de Surplis une robe noire avec des manches larges redoublées pardessus le poignet. Elles ne portent cette robe que pen |