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77.

Fille-Dieu de Rouen.

IVERSIDAD C

AIND

BIBLIOTECA

DERECHO

DIEU DE

mit deux cens Religieufes. Il avoit eu deffein de les eftablir FILLESau lieu où l'on a bâti depuis le celebre College de Sorbonne; PARIS mais par l'avis de fon Confeil, il les mit hors de la Ville entre faint Lazare & faint Laurent, & leur affigna quatre cens livres parifis tous les ans pour leur entretien, à prendre fur fon Trefor. Environ cinquante-ans après leur establissement, l'Evefque de Paris, qui avoit toute jurisdiction fur ces Religieufes, voïant que la plufpart eftoient mortes de pefte, & que la cherté des vivres & de toutes autres chofes eftoit augmentée de la moitié, reduifit ce grand nombre de Religieufes à foixante, fans diminuer leur rente de quatre cens livres parifis; mais les Treforiers des Rois Philippes & Jean de Valois ne voulurent plus paier que la moitié de cette fomme, ce qui dura jufqu'en l'an 1350. que le Roi Jean aïant compaffion de la mifere de ces Religieufes, leur accorda cette fomme entiere de quatre cens livres parifis pour cent Religieufes. Ce Monaftere aïant esté démoli de peur qu'il ne fervist de retraite aux Anglois qui eftoient entrés en France, elles furent transferées dans la rue faint Denis, dans un Hospital, qui avoit efté fondé pour loger pendant une nuit les pauvres femmes mandiantes, aufquelles on donnoit le matin, lorsqu'elles s'en alloient, un pain & un denier. Les Filles-Dieu eurent foin de cet Hofpital jufqu'en l'an 1495. que les Religieufes de l'Ordre de Font-Evraud furent introduites dans leur Monaftere & Hospital, en aïant obtenu le don du Roi Charles VIII. dès l'an 1483. attendu que ce grand nombre de Filles-Dieu eftoit reduit à quatre feulement qui vivoient dans un grand relaschement, & les Religieufes de Font-Evraud ont toujours retenu dans ce Monaftere jusqu'à present le nom de Filles-Dieu.

Voiez du Breuil & Malingre, Antiquités de Paris.

FILLES

DIEU DI

Les Filles-Dieu de Roten ont encore reçu de grands bien- BLU faits du Roi faint Louis & de la Reine Blanche fa mere. Le ROUEN. Pere du Moulinet a donné la reprefentation d'une de ces Religieufes telle que nous la donnons auffi. Il dit qu'elles ont toujours fuivi la Regle de faint Auguftin, qu'elles eftoient autrefois habillées de blanc, & que ce n'eft qu'à la follicitation de quelques Religieux de l'Ordre de faint Benoist, qui ont eu la direction de leur Monaftere, qu'elles ont pris le noir; mais qu'elles ont retenu le manteau doublé d'hermine, qui appar

Tome II.

PP

FILLESDIEU DE ROLLEN.

Auguft. Serm 356.

de vit. go moribus Cleric.

tient, ajoute-t-il, à l'Ordre Canonique. Cependant il y a plufieurs Religieufes Benedictines qui portent des fourrures d'hermine & de petit gris, comme à Bourbourg, Meffine, Eftrun, Avenes, & en d'autres Monafteres de Flandres, & qui ne prétendent point eftre Chanoineffes Regulieres.

Pour moi je croi que l'Ermine, le petit gris & les autres fourrures précieufes qui n'eftoient permises qu'aux Princes & aux grands Seigneurs, n'appartiennent pas plus à l'Ordre Canonique qu'à celui de faint Benoift, & qu'elles ne conviennent nullement à la fimplicité & à la pauvreté qui doivent paroiftre dans un habit Religieux. Si quelques Fondateurs d'Ördres ont ordonné des fourrures, elles n'eftoient que de peaux de moutons ou d'agneaux, qui eftoient anciennement l'habillement des Païfans, dont ceux d'Italie fe fervent encore à prefent, fous le nom de peliffes, comme nous avons remarqué en un autre lieu. Saint Augustin n'auroit pas fans doute porté de ces hermines & fourrures precieuses, puifque fe recommandant avec fes Ecclefiaftiques aux charités des Fidelles, il les exhorte de ne lui point donner d'habit qui ne convienne à Augustin; c'est-à-dire à un homme pauvre, & né de Parens pauvres. Si vous voulez avoir, leur dit-il,la fatisfaction que je porte un habit de vôtre part, donnez-m'en un qui ne me faffe de honte; car j'avoue que j'ai honte de porter un habit précieux, parce qu'il ne convient pas à ma Profession, à mes paroles, & à mes cheveux blancs.

pas

C'eftoit fans doute des Chanoines Reguliers que Hugues de Hazardis Evefque de Toul vouloit parler,lorfque dans le Synode qu'il tint l'an 1515. il fe recria fort contre les fourrures précieufes que portoient certains Religieux,& prévit bien dès lors que fes paroles & fes remontrances feroient inutiles. Comme les Statuts faits en ceSynode ont efté imprimés en Latin & en François,nous rapporterons en François l'endroit du Statut où il en eft parlé,& qui en fera connoître d'avantage l'antiquité.CePrelat, après avoir parlé du relaschement dans lequel eftoient tombés les Religieux de fon Diocese, & en avoir fait le détail,ajouDe Legul. te: Si nous confiderons le filence, les viandes, les veftemens, les or.Stat. lits, les fouliers, les chaperons,tes frots & leurs autres habillemens, comme fourrures, doublures, pellisses précieuses, & telles chofes, dès maintenant nous ne sçaurions dire que fe foient Religieux ; mais plus lâchiez & plus élargis que Seculiers. Scachent donc

de Dom.

Relig.

DE ROUEN.

ques tous Religieux à nous fubjets que fe dorennavant telles er- FILLES Drey reurs & tels defaux en leur Regle du moins notables & fcandaleux, font declarés & manifeftés envers nous, nous procederons griesvement à l'encontre d'eux & contre leurs Superieurs, fe ils veulent en dijfimulant avec fcandale foufrir telles fautes. En outre pour expedier cette matiere, ( car nous croïons que pour nos paroles ou remontrances, il ne s'en fera ne plus ni moins) nous commandons à tous Abbés, Abbesses, Prieurs ou Prieures, & aux autres Officiers & Adminiftrateurs ou obedianciers,quels qu'ils foient, que à leurs Subjets & Compagnons à chacun felon fon degré,ils adminiftrent leurs necejjités tant en vivre comme en veftir &c.

Voiez pour les Filles Dieu de Rouen, le P. du Moulinet,fig. des hab. des Chan. Regul.

L'on a auffi donné le nom de Filles-Dieu aux Hofpitalieres FILL DIE de l'Hostel ou Maison-Dieu d'Orleans. Cet Hôpital eftoit autrefois l'infirmerie des Chanoines de la Cathedrale au tems qu'ils eftoient Chanoines Reguliers; mais aïant efté fecularifés, i's laifferent cette Infirmerie pour les pauvres malades de la ville. Ls dons & les fondations qu'on y a faites dans la fuite, l'ont rendu confiderable, & il a pris le nom de Maison-Dieu. Ces Chanoines ont néanmoins retenu une espece de Superiorité fur cet Hôpital. Il y en a toûjours deux ou trois qui font Adminiftrateurs. Le Chapitre nomme la Superieure des Religieufes qui eft perpetuelle. Il reçoit auffi les filles qui fe prefentent pour eftre Religieufes, & on les conduit pour cet effet au Chapitre de ces Chanoines dans le tems de leur prise d'habit ou de leur Profeffion.

Ces Hofpitalieres ont pour habillement une robe blanche avec un rochet de toile pardeffus, & une ceinture de laine. Lorfqu'elles font à l'Eglife ou qu'elles fortent, elles ont un manteau noir de drap ou de ferge, aïant au costé droit une Croix dans un Croiffant faite de foïe blanche &rouge; &quand elles ont ce manteau, elles mettent pardeffus leur voile ordinaire, qui eft noir & doublé d'une toile blanche, un autre grand voile d'etamine qui defcend par derriere jusqu'à la ceinture & qui leur couvre le vifage pardevant. Outre ce manteau, les jours de Pâques, de la Pentecofte, de l'Affomption, de faint Augustin, de la Touffaints, & de Noel, elles ont au lieu de Surplis une robe noire avec des manches larges redoublées pardeffus le poignet. Elles ne portent cette robe que pen

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