CHANOI CHANTHA pauvreté, d'obeissance, & de chafteté conjugale. Elles font NOINESSES gouvernées par une Prieure ou Commandatrice, & ne diffeDEL'ORDRE rent en rien des veritables Religieuses, soit pour l'habille DE S. JAC- ment, soit pour les exercices du Chœur & de Communauté; & estant mariées ou veuves elles peuvent toujours porter la Croix de l'Ordre. Celles du Monastere de Sanitos en Portugal font de mesme que celles de Barcelone, & peuvent aussi Te marier. Les Religieuses des autres Monafteres ne faifoient aussi que des Vœux pareils à ceux que font celles de Barcelone & de SanEtos, ce qui a duré jusqu'en l'an 14.80. que sous le Grand Maistre Dom Alfonse de Cardenas, le Chapitre General de l'Or. dre ordonna qu'à l'avenir elles ne pourroient se marier & feroient obligées de faire des Vœux solemnels. Les anciens Statuts obligeoient les femmes & les filles des Commandeurs de sefretirer dans ces Monafteres pendant qu'ils estoient à la guerre, & s'ils y mouroient, le Grand-Mailtre fixoit le tems pour qu'elles pussent se determiner ou à prendre l'habit de l'Ordre, ou à fortir des Monafteres; mais cette pratique a esté abolie, à acuse que le nombre des Chevaliers augmentant, plusieurs Mona steres n'auroient pas suffi pour recevoir les femmes, les veuves, & les filles des Chevaliers. Les Religieuses ne peuvent estre reçuës sans le consentement de toute la Communauté, & les Superieures en donnent avis au Conseil des Ordres pour avoir aussi son consentement; & afin qu'il commette quelqu'un pour faire les informations necessaires qui font les mesmes que l'on fait à la reception des Chevaliers, non pas touchant la Noblesse, mais seulement touchant la Religion, des peres & meres, & des ayeux qui ne doivent point estre soubçonnés d'heresie; le President nomme un Chanoine de l'Ordre pour faire les informations, qui sont ensuite presentées au Conseil qui donne son consentement si elles sont approuvées. Les Monasteres élisent les Superieures qui sont auffi confirmées par le Conseil des Ordres, & le Roi leur accorde des Lettres qui ordonnent aux autres Religieuses de lui obéir. Les Religieuses de Salamanque prétendent faire remonter l'antiquité de cet Ordre jusqu'en l'an 1030. par le moïen d'un privilege qu'elles confervent dans leur Monastere, qui est daté de cette année; mais nous en avons fait connoistre la faufseté en parlant des Chevaliers du saint Esprit de Montpel lier qui ont voulu aussi se prévaloir de ce Privilege. Voiez Francisco Caro de Torres, Hift. de los Ordines Mili- JACQUES DE CHEVA tares de Santiago Calatrava y Alcantara. Francisco de Radez, L'EPEE Chronic de las Ordenes y Cavall. de Santiago. Diego della Mota, de la Orden, dela Cavall. de S.Tiago. Andr. Mendo, de Ordinibus Militaribus Disquis. Canonic. Joann. Mariana, de Rebus Hifpanicis lib. II. cap. 13. 14. Turquet, Hist. d'Espagne Tom.1. liv. 10. Favin, Hift. de Navarre liv. 4. Tambur. de fur. Abbat. Disp. 24. quest. 4. Philipp. Bonanni, Catalog. omn. Ord. Relig. part. 1. & 2. L'Abbé Giustiniani, Mennenius, Hermant, & Schoonebeck, dans leurs Histoires des Ordres Militaires. CHAPITRE XL. Des Chevaliers de saint Jacques de l'Epée en Espagne. Nous avons Ous avons suffisamment parlé de l'Origine des Chevafaint Jacques de l'Epée dans le Chapitre precedent, il nous reste seulement à parler des principaux evenemens arrivés dans cet Ordre. Ces Chevaliers s'estant joints d'abord aux Chanoines de saint Eloy, comme nous avons dit, embrasserent la Regle de faint Augustin & firent les Vœux ordinaires de Religion. Leur habit consistoit en une robe blanche & un chaperon de mesme couleur ; & pour marque de leur Ordre, ils portoient fur la poitrine une épée rouge, & ils avoient la teste rasée en forme de Couronne comme les Chanoines, & vivoient en commun. Cet Ordre commençant à se multiplier, leur premier Grand-Maistre, Dom Ferdinand de Fuentes Encalada, entreprit le voïnge de Rome, pour en avoir l'approbation du saint Siege. Alexandre III. en le confirmant par sa Bulle de l'an 1175. dont nous avons fait mention, fit quelques Reglemens; qui concernoient ces Chevaliers, & entre autres il leur permit de se marier. Il regla les Dignités de cet Ordre, dont la plus confiderable après celle de Grand-Maistre, est celle des treize, qui ont le pas devant tous les autres Commandeurs. Avant que la Grande-Maistrise eust esté réünie à la Couronne, ils élisoient le Grand-Maistre, le pouvoient déposer s'il estoir tombé en quelque faute, & en élire un autre. Ils donnoient LIFRS DE S. ΕΡΕΑ. CHEVA-leurs conseils dans toutes les affaires, terminoient les differens JACQUES DE qui pouvoient arriver, entre le Grand-Maistre, & les Chevaliers; mais leur pouvoir est bien diminué presentement, que le Conseil des Ordres, dont nous parlerons ci après, est juge de tous les differens qui arrivent dans l'Ordre. La seconde Dignité est celle de Prieur, qui est annexée aux Chanoines ; & la troifiéme celle de Grand Commandeur. La premiere place qu'ils conquirent sur les Maures, fut Caceres dans l'Estramadure. Ils la prirent l'an 1171. & le Roi Dom Ferdinand la donna à ces Chevaliers, qui aiderent ce Prince à conquerir Badajox, Buexa, Luchena & MonteMaior, dont il leur fit aussi present. Mais Ferdinand estant entré en guerre avec son neveu Alfonse IX. Roi de Castille, surnommé le Noble, sur lequel il avoit ufurpé plusieurs Places pendant la minorité de ce Prince, & foupçonnant les Chevaliers de saint Jacques de favoriser son neveu, il les fit fortir de ses Eftats, & reprit les biens qu'il leur avoit donnés. Ces Chevaliers se refugierent en Castille, où le Roi Alfonse leur donna l'an 1174. le Chasteau d'Uclés, auprès duquel ils bastirent un Couvent, qu'ils establirent pour Chef deleur Ordre, & l'année suivante 1175. le Grand-Maistre alla à Rome, pour obtenir du Pape Alexandre III. la confirmation de son Ordre, comme nous avons dit. L'an 1176. Ce Grand-Maistre, & les Chevaliers prirent les Armes, pour le service du mesme Alfonse, contre le Roi de Navarre Sanche VI. dit le Sage, qui profitant pareillement de la minorité de ce Prince, qui estoit aussi son neveu, prit des Places du Roïaume de Castille, qu'Alfonse recouvra par le secours des Chevaliers de saint Jacques. La mesme année, les Maures estant entrés sur les terres de la dépendance d'Uclés qui appartenoient aux Chevaliers, ils y firent de grands ravages; mais ils ne purent s'emparer du Chasteau d'Uclés, ni de celui d'Altharilla, que les Chevaliers défendirent vigoureusement. Le Roi de Castille aïant sçu le dégât que les Infidelles avoient fait sur les terres des Chevaliers, mit des troupes sur pied à la priere du Grand-Maistre. 11 fit venir aussi les Chevaliers du Temple & de Calatrava, & mit le siege devant Cuença, dont il s'empara, & donna aux Chevaliers de faint Jacques une Maison dans cette Ville avec de gros revenus. Ce Prince continuant la Guerre contre les Maures, |