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ORIGINE Conclave jusqu'au jour de l'Election du Pape.

DES CHA

NOINES RE

GULIERS.

Les Chanoines Reguliers pretendent qu'il y a eu deux mille fept cens foixante - fept Cardinaux de leur Ordre vingt mille cent trente-cinq Archevefques & Evefques, & plus de cent mille Abbés aïant l'ufage de la mitre & de la croffe. C'eft le calcul qu'en fait le P. le Paige dans fa Bibliotheque de Prémontré qu'il donna en 1633. Mais il y aura beaucoup à retrancher de ce nombre, fi l'on confidere qu'il n'y a pas eu peut-eftre deux mille fept cens Cardinaux jufqu'à present. Nous parlerons des différens habillemens des Chanoines Reguliers en parlant des differentes Congregations de cet Ordre. Nous donnerons icy feulement l'ancien habillement qui eftoit commun à tous les Chanoines Reguliers dans le commencement de leur inftitution, c'eft-à-dire à la fin du onziéme fiécle & au commencement du douzième, auquel tems les Chanoines prirent le nom de Reguliers, & fe mirent fous la protection de faint Auguftin qu'ils reconnurent pour leur Pere. Cet habillement confiftoit en tout tems & en tous lieux en une Aube qui defcendoit jufqu'aux talons, & une aumuce qu'ils portoient fur les efpaules en forme de manteau, ils avoient encore pardeffus l'aumuce & l'aube une chape noir, à laquelle eftoit attaché un capuce dont ils fe couvroient la tête. D'abord la chape eftoit fermée de tous coftés, il n'y avoit qu'une ouverture fur l'eftomac pour paffer les mains; mais dans la fuite on la fendit par devant jufqu'en bas pour une plus grande commodité, & le capuce y fut toujours attaché. Quant à la couleur de la robe, les uns la portoient noire, d'autres blanche, les uns prirent le rouge, d'autres le violet. En un mot, il n'y avoit point de couleur affectée pour les Chanoines Reguliers. Le Pape Benoist XII. dans la reforme generale qu'il fit de cet Ordre, ordonna par fa Bulle de l'an 1339. que les Chanoines Reguliers ne pourroient fe fervir dans leurs habillemens des couleurs blanche, brune, noire ou prefque noire. Le Cardinal de Volfey ordonna la même chofe, lorfqu'en 1519. il reforma les Chanoines Reguliers d'Angleterre qui n'eftoient d'aucune Congregation ; & comme ils avoient porté jufqu'alors la couleur noire, on les appelloit les Chanoines Reguliers noirs, pour les diftinguer de ceux des Congregations de faint Victor, d'Aroüaise & de Premontré, qui eftoient dans le mefme Roïaume, & qu'on appelloit Chanoines Reguliers blancs

que

DES CHA

Il eft vrai que le Pape Benoift ne permit ces couleurs qu'aux ORICINE
Chanoines qui eftoient en poffeffion de les porter, & voulut NOINES RE-
qu'à l'avenir ceux qui voudroient faire des changemens dans GULIERS.
leur habillement, priffent la couleur blanche: mais cela n'a
pas empefché qu'il n'y en ait qui n'aïent pris des robes violet-
& des Congregations entieres des robes noires.

tes,

des ceremo

L'on peut voir par la figure de l'habillement d'un de ces anciens Chanoines Reguliers avec fa chape & fon capuce, qu'il n'y avoit pas grande difference entre l'habit Canonial & l'habit Monachal, & l'un & l'autre n'estoient pas differens de celui des Ecclefiaftiques, & même de celui des Laïques: car Dom Claude de Vert remarque que cette longue chape n'eftoit De Vert, dans fon origine qu'un capuce ou capuchon, fervant à couvrir Explication la tête proprement un coqueluchon, cucullio ou cucullus, du nies de l'Emot Grec Koukoullion, & en premier lieu Kuklos, qui veut dire glife tom. 2un cercle, parce que le capuce ou capuchon couvrant la tefte, P. 286. forme en effet un cercle autour du vifage. Ce capuce ou capuchon s'eftendit bientôt après fur les épaules en forme de Icapulaire, ou pluftoft en maniere de mantelet ou camail,puis il tomba fur les reins & fur les genoux comme le portent les matelots, qui appellent cette efpece de capuce un capot ; & on le nomme auffi cape de Bearn. Enfin il defcendit jufqu'en bas couvrant & enveloppant toute la perfonne, telle eft encore la cape ou capot des fentinelles, le pluvial ou chape Ecclefiaftique, la chape des Cardinaux, des Evefques, des Chanoines Seculiers & Reguliers, des Religieux de l'Ordre de S. Dominique, des Chartreux & autres. Dom de Vert s'eft trompé, lorfqu'il dit que telle eft encore la chape commune & ordinaire du Pape; puifqu'il n'y a que la feule nuit de Noël. que Sa Sainteté porte un capuchon & une cape de velours rouge: ainfi c'est plustoft fon habillement extraordinaire; car pour habit ordinaire, il a toûjours une foutane de foye blanche, un rochet à dentelles par deffus, l'efté un camail de fatin incarnat, & l'hyver, un camail de velours rouge avec le bonnet de mefme, qui eft doublé d'hermine, auffi-bien que le camail mais dans les fonctions publiques il a la calotte blanche fous la mitre ou la tiarre, & a toujours une eftole au cou. Cela s'appelle l'habit privé du Pape ; & quand les Cardinaux font habillés de violet, comme l'Avent, le Carême & les jours de jeûnes, le Pape porte la foutane de laine blanche, & le camait

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DES CHA

GULIERS.

ORIGINE de drap rouge, parce qu'il ne change jamais de couleur dans NOINES RE- fes habits, excepté depuis le Samedy Saint jufqu'au Dimanche In albis, qu'il porte le camail de damas blanc. Lorfqu'il est en mitre, il porte une chape, qui n'eft autre que celle que nous appellons pluvial, & au lieu de mitre il ne porte qu'une mante de drap rouge le jour du famedy Saint.

Can. 6.

Martene,

D'abord cette chape des Chanoines & de tous les Ecclefiaftiques,qui n'eftoit dans fon origine qu'un capuce ou capuchon fervant à couvrir la tefte, estant infenfiblement tombée fur les épaules & des épaules fur les reins, & enfuite jufqu'aux talons, traifna enfin jusqu'à terre: en forte que les Chanoines qui s'en fervent encore l'hyver, font obligés de la retrouffer fur les bras; & celle des Cardinaux eft fi longue, qu'ils la font

por

ter par des Officiers qui font nommés Caudataires. Elle fut
changée en manteau par les Laïques, & le collet de ce man-
teau n'eft autre, comme remarque Dom de Vert, que le
capuce
renversé sur le manteau le long des efpaules, & ce
qu'on nomme prefentement Porte-manteau chez le Roi, s'ap-
pelloit autrefois Porte-chape. Les Chanoines aïant enfin entie-
rement quitté l'ufage de la chape allant par la ville, ont pris
celui du manteau.

Cette chape qui, comme nous avons fait voir, eftoit au-
trefois fermée de tous coftés, n'aïant qu'une ouverture par
devant pour paffer les mains, eftoit incommode; c'eft ce qui
fit apparemment qu'il y eut des Ecclefiaftiques qui en porte-
rent, où il y avoit des manches, & qui n'eftoient autres que
la coulle & cuculle des Moines, c'eft ce qui obligea le quatrié-
me Concile de Latran, tenu fous le Pape Innocent III. l'an
1215.
de deffendre aux Clercs de porter ces fortes d'habille-
mens ni à l'Eglife ni ailleurs: Cappas manicatas ad Divinum
officium intra Ecclefiam non gerant, nec alibi, & les obligea d'en
porter qui fuffent fermées de tous coftés: Claufa deferant defuper
veftimenta, nimia brevitate vel nimia longitudine non notanda.

Les anciens Statuts Synodaux du Diocefe de Coûtances, qui peuvent avoir efté faits peu de tems après ce Concile par l'Evefque Courad d'Andegs, ordonnent la mefme chofe, & Collect. nov. ce Prelat fe plaint de ce qu'il y avoit des Preftres qui ́alloient par leurs Paroiffes avec des efpeces de foutanelles fenduës devant,&qui n'avoient pas de honte de se prefenter en cet équipage devant lui, reffemblant pluftoft à des arbalestriers & à des

vt. fcrip.

som.s.p.358.

par

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