S. GILBERT Religieuses. Il choisit auffi des hommes pour avoir foin des ORDRE DE affaires du Monastere & faire valoir les terres qui en dépen- DE SIMdoient, & ils furent reçus comme Freres Convers. Cet establissement eut l'agrément du Roi faint Etienne, des Princes & des grands Seigneurs qui firent de grands dons à ce Monaftere. Saint Gilbert fut contraint par necessité de les accepter en partie; mais il en refusa auffi beaucoup, de peur que les grands biens, comme de méchantes herbes, n'é touffaffent le bon grain qu'il avoit femé dans ce champ qui devint si fertile, que des personnes de l'un & de l'autre sexe se rendoient de toutes parts à ce Monastere pour embrasser cet Institut; ce qui l'obligea de faire de nouveaux établissemens. Ce faint Fondateur plein d'humilité voïant un fi grand nombre de Difciples, crut qu'il n'avoit pas affez de capacité pour les conduire; c'est pourquoi il vint en France l'an 1148. trouver les Religieux de Cifteaux assemblés dans leur Chapitre general où le Pape Eugene III. assistoit, pour leur mettre entre les mains le soin de ses maisons. Mais ils ne les voulurent pas accepter disant qu'il ne leur eftoit pas permis d'avoir la conduite des Moines d'un autre Ordre que le leur & encore moins des Religieuses. Le Pape informé de ses vertus, loin de consentir à fa priere, l'exhorta à ne point abandonner fon troupeau, & lui temoigna le regret qu'il avoit de ne l'avoir pas connu plustost, parce qu'il l'auroit encore chargé de l'Archevesché d'York auquel il avoit pourven depuis peu. 11 consulta enfuite saint Bernard & reçut de lui des avis touchant la conduite qu'il devoit tenir dans le gouvernement de fon Ordre ; & estant retourné en Angleterre, il mit la derniere main pour le rendre parfait. Sur le refus que les Religieux de Cifteaux avoient fait de prendre la conduite de ses Religieuses, il establit des Chanoines à qui il en confia la Direction. Il leur donna la Regle de saint Augustin, & aux Religieuses celle de faint Benoist. Il dressa ensuite des Constitutions pour le gouvernement des uns & des autres, & les envoïa au Pape Eugene III. pour y retrancher ou augmenter ce qu'il jugeroit à propos. Mais ce Pontife n'y trouva rien à redire, & y donna fon approbotion, ce que ses Succeffeurs Adrien IV. & Alexandre III. confirmerent dans la suite. Il semble que dans l'établissement de fon Ordre il air voulur imiter faint Norbert, dont les Monasteres estoient communs PRINGHAM DE SIM ORDRE DE pour les hommes & les filles, separés néanmoins d'habitation, Car ceux de saint Gilbert estoient aussi doubles, & de mesme PRINGHAM que dans l'Ordre de Premontré, ses Religieuses ne pouvoient parler à la grille qu'accompagnées en dedans par deux anciennes, & aux dehors par deux Religieux. Les uns & les autres n'osoient se regarder. Si les Religieux estoient obligés d'entrer dans l'habitation des filles pour quelques necessités spirituelles, ils ne pouvoient voir le visage decouvert de ces Vierges qui devoient toujours avoir le voile baissé en leur presence. Ce Saint exigeoit l'âge de quinze ans pour admettre les Freres Clercs au Noviciat & vingt-ans pour la Profession: les Freres Convers n'y pouvoient estre reçus avant vingt-quatre ans. Les filles qui demandoient d'entrer en cetOrdre devoient avoir douze ans pour estre admises dans le Monaftere, & quinze pour avoir la qualité de Novice; & il falloit qu'elles füssent le Pseautier, les Hymnes & les Antiennes avant que de faire Profession. Lorsque ce Saint visitoit ses Monasteres, il alloit toujours accompagné de deux Clercs & d'un Frere Laïc. Il ne s'entretenoit pas de discours inutiles ; mais il psalmodioit continuellement ou prioit mentalement, & portoit toujours dequoi donner suffisamment aux pauvres qu'il rencontroit dans les chemins. Il ne mangeoit point de viande sice n'estoit dans les grandes infirmités, & mesme s'abstenoit de manger du poiffon pendant l'Avent & le Caresme. Il ne se servoit que de vaisselle de bois, ses austerités & ses mortifications estoient très-grandes, & il n'estoit pas plus vestu en hiver qu'en esté, quoiqu'il paroiffe par ses Constitutions qu'il vouloit que ses Disciples fussent bien vestus : car touchant les habits, il ordonne que les Chanoines aïent trois tuniques, une pellice de peaux d'agneaux un manteau blanc & un capuce fourrés aussi de peaux d'agneaux. Les Religieuses devoient avoir cinq tuniques, sçavoir trois pour le travail & deux fort amples, c'est-à-dire,deux coulles blanches qu'elles portoient au Cloistre, à l'Eglife, au Chapitre, au Refectoire & au Dortoir, une pelice de peaux d'agneaux, une chemise ou tunique de gros drap, & leurs voiles estoient aussi fourrés de peaux d'agneaux. Les Sœurs Converses estoient habillées de noir & au lieude coulles elles avoientdes manteaux aussi fourrés de peaux d'agneaux. Enfin les Freres Laïcs avoient trois tuniques blanches, un manteau de couleur tannée, |