NES REGU CHANOI- Il ordonna entr'autres choses que tous les Chanoines Regu LIERS D'AN-liers d'Angleterre, mesme des Congregations de faint Victor, GLETERRE. d'Aroüaise, de Premontré, & de quelque nom qu'ils s'appellaffent, s'assembleroient tous les trois ans dans un Chapitre General conformément au Decret du Pape Honorius III. & aux Costitutions de Benoift XII. Il prescrivit la formule des Vœux & les conditions que devoient avoir ceux qui se prefentoient pour estre reçus parmi eux, les moïens d'extirper le vice de proprieté, la maniere de reciter l'Office divin, & les heures du filence. Il enjoignit sous des peines de ne point manger hors les Monafteres, de n'y point laisser entrer les femmes, de ne leur point donner à laver leurs habits, dont la couleur devoit estre blanche, brune, noire ou presque noire ; & afin que ces Reglemens pussent estre executés dans le mefme tems, & que tous les Monafteres de Chanoines Reguliers ne les puffent pas ignorer, il ordonna qu'ils n'auroient lieu qu'après la Feste de la Trinité de l'année 152loor b Mais ces beaux Reglemens 'ne purent pas estre pratiqués pendant un long-tems à cause du malheureux Schifme, dont ce Cardinal fut le premier Auteur par le pernicieux conseil qu'il donna au Roi Henry VIII. de repudier sa femme la Reine Catherine, ce qui attira tous les malheurs dont l'Angle terre fut affligée, & dont le changement de Religion fut une fuite. Quelques Abbés & Religieux par un esprit de libertinage remirent leurs Monasteres entre les mains du Roi, d'autres y furent contraints par la force, quelques-uns tinrent bon jusqu'à la fin, & ne cederent qu'en 1539. que le Par lement heheva de fupprimer tous les Monafteres, & ilyen eut qui aimerent mieux fouffrir un glorieux martyre que d'avoir fait paroistre le moindre consentement & la moindre foumiffion aux Ordres impies & facrileges de ce malheureux Les Chanoines Reguliers d'Ecoffe & d'Irlande furent en veloppés dans le mesme malheur, aussi-bien que les autres Religieux. Ils eftoient sur tout très puissants en Irlande où ils avoient deux Abbés & huit Prieurs qui estoient Lords Ecclefiaftiques & qui en cette qualité avoient féance dans, la Fone: Chanibre Haute du Parlement. Ils avoient eux seuls autant de Maisons que tous les autres Ordres ensemble. Ils possedoient presque toutes les Cures & les Benefices, occupoient presque 4 NES REGU tous les Chapitres des Cathedrales & Collegiales; il falloit ef- CHANOT tre Chanoine Regulier pour eftre bientost Evesque, & de tout LIERSD'AN ce grand nombre de Monafteres de Chanoines Reguliers GLETERRE. d'Angleterre, d'Ecosse & d'Irlande, il n'en reste plus prefentement que la memoire. Nous donnons ici la figure d'un deces Chanoines telle que Dodworth & Dugdale l'ont representée dans leur Histoire Monaftique d'Angleterre, où ils rapportent une affez plaisante fondation, qui s'executoit encore fous le regne de Henry VIII. dans le Prieuré de Dunmon au Comté d'Effex, c'est-à-dire peu de tems avant le changement de Religion & la fuppreffion des Monafteres. morceau L'on donnoit à certain jour de l'année un Jambon ou un ceau de falé à 'à ceux qui alloient en pelerinage à ce Prieuré; mais l'on observoit certaine ceremonie qui estoit cause que peu de gens se presentoient pour le recevoir; car on obligeoit celui qui le demandoit de se mettre à genoux fur une pierre fort dure & pointuë qui eftoit au u milieu du Cimetiere; & là, en prefence des habitans du lieu, il prêtoit une espece de serment entre les mains du Prieur dont la formule estoit fort longue, auffi-bien que quelques prieres qu'on disoit enfuite, ce qui ne pouvoit caufer que beaucoup d'incommodité à celui qui vouloit avoir le jambon. L La ceremonie estant finie on mettoit ce jambon sur les épaules de quelques personnes, qui le portoient autour du Prieuré & du bourg, eftant suivi, du Prieur, de fes Chanoines, & de le Peuple qui faifoit de grands cris; & l'on prenoit enfuite Acte de la délivrance du jambon ou du morceau de falé, comil paroist par les registres de ce Monaftere. tout Voiez Monafticon Anglicanum Tom. 2. & Alleman, Hist. Monastique d'Irlande. 1 ANCIENS) 1 CHAPITRE XX 1 1 De quelques anciens Ordres d'Irlande unis à celui des Cha L noines Reguliers. 1 1 A vie Monastique est aussi ancienne en Irlande que la Religion Chreftienne ; puisque ceux qui ont travaillé a y planter la foi estoient engagés dans la vie Monastique, & qu'ils bastirent un grand nombre de Monafteres qui furent remplis d'un fi grand nombre de Religieux qui se sont rendus recommandables par la sainteté de leur vie, que l'on a donné par excellence à l'Irlande, le nom d'Ifle des Saints. Les Chanoines Reguliers prétendent avoir fourni les premiers Peres de la vie Monastique ; mais c'est sans aucun fondement qu'ils ont mis au nombre desSaints de leur Ordre saint Patrice Patron & Apostre de l'Irlande, puisque ce Saint avoit appris les Obfervances Regulieres dans les Monafteres de Marmoutier & de Lerins, avant que de passer en Irlande, & que ces Monafteres n'ont jamais appartentu aux Chanoines Reguliers, qu'on ne connoissoit pas mesme du tems de faint Patrice. Il en eft de mefme des autres Fondateurs de la vie Monastique en cette Ifle, dont il y en a quelques-uns que les Benedictins reclament, mais ils n'ont jamais efté ni Benedictins ni Chanoines Reguliers; & fi nous en parlons ici, ce n'est qu'à cause que ces Ordres differens d'Irlande, au moins la plus grande partie, ont esté confondus dans la fuite dans celui des Chanoines Regugrand liers, & que ces anciens Monafteres au tems du malheureux Schifmedont nous avons parlé dans le Chapitre precedent eftoient poffedés par des Chanoines Reguliers.. A Ufferius Archevesque d'Armach dans son Histoire de l'antiquité des Eglifes de la Grande Bretagne, fait mention d'un ancien manufcrit, où l'on voit que les anciens Saints d'Irlande estoient partagés dès le commencement en trois Ordres Reguliers; que le premier estoit appellé très faint, & eftoit du tems de saint Patrice qui en estoit reconnu comme Chef; que cet Ordre estoit composé de trois cens cinquante Evesques de differentes nations tous faints, qui n'avoient tous qu'une mef ORDRES. me tonfure & une mesme Liturgie; qu'ils convenoient dans ANCIENS - le tems de la celebration de la Pâques; qu'ils parloient aux D'IRLANDE femmes, & que cet Ordre dura sous le regne de quatre Rois d'Irlande. Le second Ordre n'estoit pas si saint que le premier. Les Moines qui en dependoient estoient presque tous Prestres, au nombre d'environ trois cens. Il y avoit peu d'Evesques dans cet Ordre où il y avoit differentes Liturgies; ainsi ils celebroient la Messe & l'Office divin differemment les uns des autres; c'està-dire (felon le sentiment de M. Alleman) qu'ils suivoient differentes Regles, ou qu'ils formoient plusieurs Congregations. Il les compare aux differentes Congregations de l'Ordre de faint Augustin, ou de faint Benoist, qui par la diverfité de leurs habits, & la difference de leurs manieres de vivre, semblent estre des Ordres separés, quoiqu'il soit vrai de dire qu'ils font de l'Ordre de faint Benoist ou de faint Augustin. Ce second Ordre avoit cela de commun qu'il celebroit la Pâques comme le premier. Il y avoit une mesme tonfure, on n'y parloit jamais aux femmes, & il dura encore pendant quatre regnes. Enfin le troifiéme Ordre estoit faint aussi ; mais il l'estoit moins que les deux autres. Il comprenoit encore plusieurs faints Moines au nombre de cent, qui estoient presque tous Prestres, dont il y en avoit aussi quelques-uns d'Evesques. Leurs Couvens estoient bastis dans des bois & dans des Deferts. Ils ne buvoient que de l'eau, & ne mangeoient que des herbages qu'ils cultivoient eux-mesmes. Ils suivoient encore des Regles differentes qui avoient chacune leur Liturgie & leur tonfure;car les uns avoient des couronnes, & les autres laissoient croître leurs cheveux. Ils differoient encore dans la Pâques; car les uns la celebroient le quatorziéme jour de la lune, les autres le trei ziéme, & les autres le seiziéme. Les uns la celebroient en tristesse & les autres en joïe. Cet Ordre dura encore sous le regne de quatre Rois. i La difference qu'il y avoit donc entre ces trois Ordres, eft a insi rapportée par Usserius. Primus ordo erat fanctiffimus, secundus Sanctior, tertius Sanctus: Primus ficut fol oriens, secundus ficut luna, tertius ficut ftella: & le tems de ces douze regnes a efté depuis 433. jusqu'en 664. Les Saints dont nous allons parler font reconnus pour les ANCIENS Fondateurs de ces Ordres particuliers qui avoient des Regles, D'IRLANDE. & nous suivrons le rang que M. Alleman leur a donné, à l'exception de saint Patrice, qui doit paffer le premier pour avoir efté l'Apoftre d'Irlande, n'estant pas certain que saint Ailbe, saint Moctée, saint Kieran, & quelques-autres y aïent presché l'Evangile avant lui, comme ont prétendu quelques Historiens Irlandois. S. PATRICE. i Tous les Auteurs ne reconnoiffent pas saint Patrice pour estre le Fondateur d'un Ordre particulier, quoiqu'il le soit de plusieurs Monafteres; mais ce qui a fait peut - estre que quelques-uns lui ont donné cette qualité, c'est à cause de ce manufcrit rapporté par Usserius, où il est qualifié Chef de cet Ordre très-Saint, dont nous avons parlé. M. Alleman prétend qu'il est l'Instituteur d'un Ordre particulier, dont la principale Abbaïe estoit à Sabal. M. Bulteau semble estre aussi de cet avis, lorsqu'il dit, qu'outre Sabal, il fonda plusieurs autres Monafteres & y establit une sainte Observance : que les Novices faifoient leurs Vœux à l'âge de vingt-ans: qu'il introduisit parmi eux la tonfure Romaine en forme de cercle: qu'il portoit un scapulaire blanc; & qu'à son imitation les autres Religieux Irlandois se revestoient de robe de laine de couleur naturelle & fans teinture, & qu'enfin il mourut dans son Monastere de Sabal vers l'an 460. , 5.COLOMB. L'Ordre de faint Colomb que Bede appelle auffi Colomban, estoit un des plus étendus ; car il avoit plus de cent Abbaïes ou Monafteres qui en dépendoient dans toutes les Ifles Britanniques. La principale Maison ou Chef de l'Ordre, estoit, selon quelques-uns, à Dairmag, selon d'autres à Derry aujourd'hui Londondery; & felon la plus commune opinion dans l'Isle de Hu, Hi, ou de Jona, qui depuis a esté appellée du nom de ce saint Ycolmkil, & est située au Nord de l'Irlande & peu distante d'Ecosse. Ce Saint aïant esté prescher la Foi aux Pictes, en convertit un grand nombre & bastit des Eglises: il fut en si grande veneration comme Apostre de ce Païs, que du tems de Bede, c'est-à-dire vers l'an 731. par une difcipline toute extraordinaire, tous les Evesques de la Province des Pictes estoient sous la jurifdiction & la dépendance du Prestre qui estoit Abbé du Monaftere d'Ycolmkil, à cause que faint Colomb Apostre de la Nation avoit esté seulement Prestre & Religieux, Samort arriva vers l'an 598. Il se trouve |