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D'YVES DE

REFORME de ces Chonoines; ce qui a peut-estre donné lieu à plusieurs, BEAUVAIS. d'en parler comme d'un Chef de Congregation sous le nom de faint Quentin de Beauvais, quoique les Monafteres qui en foient fortis n'avent jamais fait de corps particulier fous un Chef, & qu'il ne se soit point tenu de Chapitres Generaux.

Ce fut après quatorze années de gouvernement, que Geoffroy Evefque de Chartres, qui avoit déja efté accuse de simonie sous le Pape Gregoire VII. fut encore accusé de nouveaux crimes sous le Pape Urbain II. & en aïant esté convaincu, il fut dépofé & chaffé de fon Siege par ce Pape, qui escrivit en mefme tems au Clergé & au peuple de Chartres pour leur recommander Yves, qui fut élu d'une commune voix pour remplir ce Siege Epifcopal; mais on eut bien de la peine à obtenir Ion confentement.

Richer Archevefque de Sens, offensé de ce que Geoffroy avoit esté deposé sans sa participation, s'opposa à la confecration d'Yves, qui fut trouver le Pape Urbam pour eftre delivré du fardeau dont on le vouloit charger; mais le Pontife n'eut point d'égard à ses raisons, & l'ordonna lui mesme Evelque de Chartres à Capouë où il se trouvoit sur la fin de l'année

1092.

A fon retour d'Italie il fut mis en poffeffion de cet Evesché, mais il ne fut pas long-tems en paix. L'Archevesque de Sens qui prétendoit qu'on avoit violé les droits de sa Metropole dans la deposition de Geoffroy, qui n'oublioit rien pour se faire retablir, convoqua un Sinode à Estampes, où il cita Yves pour rendre compte de tout le procedé qu'il avoit tenu contre Geoffroy, comme s'estant saisi du Siege Epifcopal de fon vivant. Les Evesques de Paris, de Meaux, de Troyes, se trouverent à ce Sinode, & fans s'arrester aux protestations d'Yves, ils le declarerent exclus de l'Epifcopat. Mais le Pape à qui Yves en appella, le maintint dans la possession, interdit l'usage du Pallium à l'Archevesque Richer, & confirma la deposition de Geoffroy.

Ces differens estant pacifiés, on lui suscita de nouvelles affaires du costé de la Cour, non seulement pour n'avoir pas voulu se trouver au mariage scandaleux du Roi Philippes, qui s'eftoit feparé de la Reine Berthe de Hollande fa femme legitime, pour prendre Bertrade de Montfort qu'il avoit enlevée au Comte d'Anjou. Il ne fe contenta point de n'y pas aller; mais

D'YVES de

il fit tous ses efforts pour s'opposer à ce mariage. On le mit en REFORME prifon, on saisit les revenus de fon Eglife, on le traita avec tou- BEAUVAIS tes fortes d'indignités; mais il fut invincible, & fa modestie parut toujours au milieu de fongrand courage. Il fut neanmoins élargi à la priere de Hoël Evesque du Mans; mais fa delivrance ne diminua rien des perfecutions qu'il avoit à souffrir au sujet de cet adultere pour lequel le Roi fut excommunié dans le Concile de Clermont en Auvergne l'an 1095. où lePape se trouva avec treize Archevesques & plus de deux cens Evesques, & ce ne fut qu'à la priere du B. Yves qu'il en reçut l'absolution le 2. Decembre de l'an 1105.par Lambert Evesque d'Arras delegué de Pafchal II. successeur d'Urbain, après avoir promis avec ferment, devant les Prelats assemblés, de ne plus voir Bertrade & de ne lui parler qu'en presence de personnes non fufpectes.

Y ves eut dans la suite quelque differend avec le Pape Pafchal, parce qu'il refusa d'excommunier par son ordre Rotrou Comte du Mans, quoiqu'en une autre occafion il n'eust pas fait difficulté de le faire. Toutes ces affaires n'empêchoient pas que pour sa conduite particuliere il ne demeurât toujours auffi recueilli en la presence de Dieu que lorsqu'il vivoit enfermé dans son Monastere de saint Quentin, & qu'en mesme tems il ne travaillât au falut de fon troupeau. Il mourut enfin le 23. Decembre de l'an 1115. ou 1116. & fut enterré dans l'Abbaïe de saint Jean en Vallée qu'il avoit fait bastir, où il mit des Chanoines Reguliers qu'il avoit fait venir de saint Quentin. Son corps fut brûlé par les huguenots du seiziéme fiécle, & le Pape Pie cinquiéme permit aux Chanoines Reguliers de faint Sauveur de Latran d'en faire l'Office le 20. de Mai.

Voiez Pennot, Hist. trip. Canon. Regul. Sanmarth, Gall. Chrift. Tom. 2. & 4. Front, in vit B. Yvon. Baillet, Vies des Ss. 23 Desemb.

CONGRE

GATION DE

MARBACH.

CHAPITRE XV.

Des Chanoines Reguliers des Congregations de Marbach & d'Aroüaife.

Es differens que l'Empereur Henri IV. eut avec le Pape

dareuse de ce Prince donna lieu, eurent des suites également funestes pour l'Eglise & pour l'Empire. Ce Prince mécontent du Pape qui avoit maltraité ses Ambassadeurs, & qui lui avoitenvoïé unNonce qui lui avoit parlé avec menaces, se laissa aisément perfuader par le Cardinal Hugues & par des Evesques ennemis de Gregoire, de le faire deposer dans une assemblée qu'il fit à Vormes l'an 1076. où se trouverent un grand nombre d'Evesques avec ce Cardinal, qui peu de jours auparavant avoit esté deposé lui-mesme & excommunié par le Pape. Ce fut lui qui conjointement avec Guibert Evesque de Ravennes, avança plusieurs chofes contre la vie, la conduite, l'election & les conftitutions de ce Pontife; sur cette accusation l'assemblée declara qu'il ne pouvoit eftre reconnu pour Pape legitime & tous les Evesques souscrivirent à sa condamnation. Le Pape de son costé, après avoir excommunié Sigefroy Archevesque de Mayence, & suspendu les autres Evesques d'Allemagne qui avoient eu part à cette entreprise, déclara Henry dechu des Roïaumes d'Allemagne & d'Italie, & ses sujets quites du ferment de fidelité, & prononça anathéme contre ce Prince. Ce fut là l'origine du Schifme qui ne finit que par la mort de cet Empereur, qui arriva l'an 1106. après avoir esté dépoüillé de l'Empire par son propre

fils.

Quoique cette excommunication eust fait impression sur quelques esprits, & que la pluspart des Evesques d'Allemagne euffent reconnu leur faute, & se fussent reconciliés avec Gregoire; neanmoins Othon Evefque de Strasbourg n'entra pas d'abord dans leurs sentimens, il persista dans le Schisme jusques sous le Pontificat d'Urbain II. & le peuple de fon Diocese suivant le mauvais exemple de leur Pasteur ne reconnoissoit point non plus Gregoire pour Chefde l'Eglife. La Religion en fouffroit, & elle estoit presque éteinte dans l'Alface, lorsque Dieu fufcita

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